Tunisie : Au coeur de la manifestation parisienne

Une foule compacte de 8 000 personnes s’est réunie samedi après-midi place de la République, à Paris, pour fêter la chute du président tunisien Zine El Abdine Ben Ali. Un vieil Algérien regrette que le rassemblement ne soit pas place de la Bastille, symbole de la double culture de beaucoup de manifestants. Dans le cortège, nombre de couleurs, de nationalités, de générations, toutes unies par un même élan,  « Le pouvoir au peuple » . 

Le slogan « Europe, FMI, bas les pattes sur la Tunisie »  reflète les craintes de cette population en liesse. Beaucoup de slogans en arabe lancés au microphone sont répétés en choeur par la foule : « Liberté pour le peuple tunisien, pour le peuple arabe, Egypte, Algérie, Jordanie, Liban… » ,  « Après Ben Ali, Moubarak et Sarkozy » . 

Des drapeaux tunisiens flottent ça et là, des jeunes drapés aux couleurs de leur pays enfin libéré défilent ; la joie mais aussi la rancoeur se lit sur les visages, contre l’Occident silencieux pendant tant d’années, contre le gouvernement français :  « Sarkozy complice de Ben Ali » . Après 23 ans de crainte, le peuple relève la tête, brandit le point, il crie son espoir de renouveau et celui de mettre à mal les régimes autoritaires encore en place.  « À bas la tyrannie en Tunisie, en Algérie » . 

Les journalistes, présents en nombre, au contraire d’une police très discrète, entourent la manifestation caméras à l’épaule et micros en main. Une jeune fille enroulée dans un drapeau s’arrête de danser pour sourire au photographe. Joyeuse et insouciante, elle ne veut pas penser, en ces instants de célébration, aux multiples défis qui attendent désormais la Tunisie.