Utiliser un système d’échange local

Thierry Brun  • 27 janvier 2011 abonné·es

Que faire ?

Nadia a besoin d’une aide en informatique, mais peu de moyens financiers. De nos jours, il est rare de trouver ce genre de dépannage sans avoir à débourser le moindre euro. Que faire ? Elle a inscrit sa demande dans une association qui est un système d’échange local (SEL). Et, en discutant, elle a compris qu’elle avait un talent caché : elle sait cuisiner des plats maison. Elle a donc ajouté son offre de cuisinière amateur à un catalogue qu’elle consulte régulièrement. Cela tombe à pic, Carlos peut l’aider. Carlos et Nadia se mettent d’accord sur les conditions de l’échange. Le montant est fixé de gré à gré en monnaie locale, par exemple 120 piafs (monnaie du SEL d’Île-de-France) pour deux heures de formation (une heure valant 60 piafs). Ce débit est noté par Nadia sur son compte tandis que Carlos crédite le sien, l’association supervisant cette comptabilité.

Ce découvert n’a rien de catastrophique pour Nadia : elle n’a pas d’agios à verser. De plus, partie de rien, Nadia n’a pas eu un euro à quémander à sa banque, moyennant des frais bancaires propres à gonfler une dette qu’elle traîne depuis plusieurs mois. Les animateurs du SEL lui ont ainsi expliqué que son compte pouvait rester négatif sans dépasser un seuil. Le SEL est devenu pour elle une relation de confiance, un engagement à rendre des services et une entraide pour des coups de main ponctuels, non répétitifs et de courte durée. Ainsi, pour 180 piafs, Nadia préparera ses plats maison le mois prochain, un adhérent organisant une fête chez lui.

Pourquoi ?

Le SEL propose une autre conception de l’économie : de plus en plus de personnes manquent d’argent pour acheter ce dont elles ont besoin, mais elles disposent pourtant d’un peu de temps, de compétences ou de produits qui n’intéressent pas le marché. Le SEL a la volonté de répondre localement à ces besoins non satisfaits dans le système capitaliste. Son principe est d’offrir à tous, riches ou pauvres, la possibilité d’accéder localement à des biens matériels et à des services sans conditions financières imposées par l’économie marchande. Les SEL sont une manière de produire de la solidarité en régulant les échanges économiques à partir d’une monnaie locale qui change de nom en fonction des régions (pigalle, paname, grain, bouchon, pavé, noix, etc.). Ainsi, en 2008, plus de 300 SEL ont été recensés. Et leur origine remonte aux monnaies locales, régionales et urbaines très répandues avant le XIXe siècle. Le principe du SEL s’inspire du Lets (Local Exchange Trading System), créé au Canada dans les années 1970.

Comment ?

•  Pour trouver un SEL dans sa région, consulter le site http://www.selidaire.org

•  Se procurer le guide pratique, « SEL, mode d’emploi », téléchargeable gratuitement en consultant http://www.selidaire.org. On peut aussi acheter ce guide à SEL’idaire (5 euros), BP 60034, 80081 Amiens Cedex.

Le geste utile
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