Les banques françaises en première ligne

Des établissements comme la BNP Paribas ou la Société générale participent aussi à la spéculation sur les produits alimentaires. Et incitent les particuliers à en faire autant.

Thierry Brun  • 17 février 2011 abonné·es

Nicolas Sarkozy s’est récemment érigé en donneur de leçons à Davos pour inciter les dirigeants des pays membres du G20 à soutenir une régulation des marchés spéculatifs des matières premières. Il devrait balayer devant sa porte… Car les principales banques françaises jouent un rôle non négligeable dans la vague spéculative déclenchée depuis plusieurs mois sur les matières premières agricoles. Ainsi, le groupe BNP Paribas était l’une des banques agissant en 2010 pour le compte du fonds spéculatif britannique Armajaro, qui a organisé une spéculation massive sur le cacao, avec pour effet de pousser les prix à un niveau record.

La BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole ont aussi créé des filiales spécialisées dans l’investissement sur des fonds hautement spéculatifs, présentes dans les principales places boursières. Comme d’autres grandes banques dans le monde, leurs filiales proposent ce que les spécialistes appellent des « trackers » (ou des Exchange Traded Fund) avec lesquels les investisseurs peuvent spéculer. Ces produits sont des fonds cotés en Bourse comme de simples actions, constitués de matières premières agricoles, mais évitant toutefois les inconvénients de leur achat physique.
Le tracker de la BNP Paribas, nommé EasyETF, est ainsi composé de 20 % de blé, 19 % de maïs, 10 % de sucre, etc., des matières premières à « fort rendement » financier… Ces derniers mois, à la suite des effets de la crise alimentaire, les trackers de la BNP Paribas, de la Société générale (Lyxor) et plus récemment du Crédit agricole (Amundi) ont enregistré de fortes hausses. Amundi agriculture a annoncé une « performance » de 60 % en un an. Comme le dit la BNP Paribas, « les cotations sur les marchés à terme se sont brutalement accélérées » . En clair, la spéculation bat son plein, et il y a beaucoup d’argent à gagner.

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