Trois pays qui bougent

Politis  • 3 février 2011 abonné·es

Niger – Une société civile au pouvoir

Les Nigériens ont voté dimanche pour le premier tour d’une présidentielle particulière. Depuis le 18 février 2010, ce sont les militaires qui dirigent provisoirement le pays, en cogestion avec un Conseil consultatif national formé d’organisations de la société civile. En 2005, l’augmentation des prix alimentaires décidée par le président Tandja provoque une vague de grèves et de manifestations. Une Coalition « contre la vie chère » négocie avec le pouvoir et le fait plier. La démonstration de force pousse Tandja à proposer des alliances à plusieurs associations. Mais une grande partie d’entre elles refusent de jouer le jeu et appuient la destitution du Président par l’armée. Situation singulière en Afrique : une partie de la « société civile » est devenue un acteur politique incontournable. Une chance ou une dérive dans un pays toujours en queue du classement pour l’indice de développement humain, qui voit s’envoler une partie de ses ressources naturelles (l’uranium) et est désormais un front de la guerre internationale contre le terrorisme ?

Mali – Printemps démocratique

Depuis la révolte qui a chassé Moussa Traoré en 1991, le Mali fait figure de laboratoire. Avec la liberté d’expression nouvelle, les organisations de la société civile prolifèrent : près de 2 200 ONG, probablement cinq fois plus d’associations de terrain, une dizaine de grands collectifs nationaux. Versant positif : la société civile, très visible, est incontournable. Les organisations paysannes entravent les cultures OGM, imposées d’en haut. Des mouvements de travailleurs font pression sur des syndicats trop complaisants. C’est à Bamako que se tient en 2006 la première édition africaine du FSM. Versant négatif : de nombreuses organisations sont instrumentalisées par la politique locale ou des bailleurs de fonds étrangers. S’appuyer sur la société civile donne une légitimité « citoyenne » aux entreprises. Un dévoiement qui nuit au « printemps démocratique » malien.

Cameroun – Paul Biya sur le départ

Après vingt-neuf ans de présidence, Paul Biya, 77 ans, quitte enfin son siège en 2011. Le régime autoritaire laisse le pays dans un état déplorable. Le clientélisme, la corruption et la rupture de confiance entre gouvernants et gouvernés ont poussé la société civile à s’organiser. Collectifs, syndicats et associations se sont rassemblés pour peser sur les politiques locales et surveiller leurs financements. Cependant, l’apprentissage de la démocratie ne se fait pas sans heurts. Depuis 2005, l’association Dynamique citoyenne tente de coordonner les actions de cette nuée d’associations et d’éviter que les rivalités ne les paralysent.

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