Doucement, les basses

Sébastien Fontenelle  • 31 mars 2011 abonné·es

Comme toujours, quand l’extrême droite régimaire accentue ses flatteries des plus répugnantes phobies de son votat, ses clercs d’accompagnement crient que c’est la gauche qu’est raciste, mâme Dupont – nous, pas ; nous, c’est juste qu’on a le courage, par ces temps qu’on peut quasiment plus rien dire sans être mis au goulag, de poser tout haut la question qui tout bas vous taraude, et qui est : putain, mais quand c’est qu’il rentre chez lui, Mohammed ?

Successivement, deux salariés (connus pour être parmi les plus finement délicats) du Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) – Yves Thréard et Ivan Rioufol, pour ne pas les nommer – viennent ainsi de butir, sans bien sûr documenter (et pour cause) leurs calomnies, l’un, « qu’à l’antisémitisme rampant de certains militants du FN répond la judéophobie de quelques-uns des militants du Parti de gauche de Mélenchon et du Nouveau Parti anticapitaliste de Besancenot  [[http://blog.lefigaro.fr/threard/2011/03/et-si-lon-soccupait-de-lextrem.html.
T’as les noms de ces tristes nazis, gars – ou si t’es mû par le seul plaisir de salir ?]] », puis l’autre (piochant vingt mots dans la pochette où se tient rangé son tout petit vocabulaire actif), que « la gauche alliée à une extrême gauche antijuive, antidémocratique et violente n’a pas de leçons à donner à la droite   [^2] ».

Et certes : ces procédés staliniens sont devenus, au fil des ans, coutumiers, dans les fonds de cale de la droite qui pense qu’elle pense. Et certes : ils s’inscrivent dans le contexte, plus général, d’une réécriture de la réalité où l’honorable Éric Zemmour peut, par exemple, impunément nasiller que « la collaboration fut d’abord la grande affaire de la gauche  [^3] ».

Aussi faut-il maintenant (et parce que passé les bornes y a plus de limites) rappeler pour les jeunes générations
– que l’extrême droite régimaire veut ces temps-ci (vois comme ça se trouve) libérer du joug de l’enseignement scolaire de l’histoire – que la grande et vieille famille où sont les racines politiques des imprécateurs du Figaro fut naguère moins regardante, et moins formaliste, et pour tout dire moins précautionneuse, dans sa détection de l’antisémitisme – puisqu’un temps fut même où elle préféra, par entiers pans : « Plutôt Hitler que le Front populaire. »

Nonobstant que l’Hitler en question fomentait sans trop s’en cacher l’extermination des juifs – et si possible aussi de la-gauche-alliée-à-une-extrême-gauche.

Et bien sûr : nous parlons ici d’une chronique ancienne, dont les prédicateurs du Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) ne sont nullement comptables. Mais elle devrait assurément les inciter, quand le respect de la vérité ou la simple pudeur y échouent, à beaucoup plus de retenue dans leurs lâchers de vilenies.

[^2]: Le Figaro, 25 mars 2011.

[^3]: France 2, 21 mai 2010.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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