Inégalités salariales : la révolution tranquille

Pauline Graulle  • 3 mars 2011 abonné·es

Mesdames, réjouissez-vous : vous ne gagnez que 18 % [[ Moyenne des salaires nets annuels dans le privé et le semi-public, Insee, 2008.]] de moins que votre mari ! Sans rire, si l’on prend du recul, les progrès sont réels. Il faut dire qu’au début des années 1960, une femme travaillant à temps complet gagnait 60 % du salaire d’un homme. Fort heureusement, depuis, le niveau d’études des demoiselles s’est élevé, et le travail féminin s’est démocratisé. En 1978, un « secrétariat d’État à l’emploi féminin » a même vu brièvement le jour. Enfin, la loi sur les 35 heures – portée par Martine Aubry, première femme « ministre de l’Emploi » de la Ve République – a donné un ultime coup de pouce à l’égalisation en uniformisant le temps de travail.

Mais l’inégalité salariale a la peau dure. Depuis les années 1990, les disparités de salaires sont quasiment stables – autour de 20 %. D’abord, parce qu’entre le temps partiel subi et les congés maternité, les femmes travaillent moins (si l’on ne considère que l’activité salariée)que les hommes. D’autre part, elles s’orientent en général vers des secteurs moins rémunérateurs… Enfin, elles sont moins souvent promues hiérarchiquement – le fameux « plafond de verre ». À niveau de diplôme et emploi égaux, une femme gagne toujours 7 % de moins qu’un homme [[Entretien avec Sophie Ponthieux et Dominique Meurs réalisé par l’Observatoire des inégalités en 2007.]]. Soit 7 % de discrimination pure.

Concernant le chômage, là, pas de jaloux : pour la première fois, hommes et femmes sont quasiment à égalité. En 1980, par exemple, la France comptait deux fois plus de chômeuses (près de 8 %) que de chômeurs. Aujourd’hui, « grâce » au développement des services (un secteur très féminin mais aussi très précaire) et à l’effondrement du secteur industriel, gros pourvoyeur d’emplois masculins, tous pointent à plus de 9 %. L’égalité des sexes pour le meilleur… mais surtout pour le pire !

Publié dans le dossier
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