Syrie : l’ultime atout de Bachar al-Assad

Le président syrien partage avec son peuple un certain nationalisme que n’avaient ni Moubarak ni Ben Ali. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?

Denis Sieffert  • 31 mars 2011 abonné·es

Le régime syrien a organisé mardi une contre-offensive en appelant ses partisans à des marches de soutien dans tout le pays. Ces manifestations peu spontanées viennent en réplique aux émeutes qui ont secoué notamment les villes de Deraa, à la frontière jordanienne, et de Lattaquié, principal port du pays. Selon les organisations des droits de l’homme, la répression a fait au moins 130 morts au cours des deux dernières semaines, notamment à Deraa.

Le vice-président, Farouk al-Chareh, a annoncé lundi que le président Bachar al-Assad devrait « très bientôt » s’adresser à la population et proclamer notamment « la fin de l’état d’urgence » imposé en 1963 lors de la prise du pouvoir du parti Baas. Il devrait annoncer l’instauration du pluralisme politique et une plus grande liberté de la presse. Les opposants se montraient évidemment très méfiants face à un régime qui s’est érigé en dictature impitoyable en 1970, lorsque Hafez al-Assad, père de l’actuel Président, est arrivé au pouvoir, et qui n’a jamais relâché sa pression depuis lors.

Si les revendications démocratiques et sociales ont évidemment heurté de plein fouet le régime, celui-ci dispose d’un atout que n’avaient pas Moubarak en Égypte, ou Ben Ali en Tunisie : il n’est pas du côté du manche américain. Un certain nationalisme ombrageux constitue pour Bachar al-Assad un argument réel. À condition qu’il ne soit pas déjà trop tard, et que les généraux qui l’entourent acceptent une vraie libéralisation. ­Improbable.

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