Toulouse, la féministe

Politis  • 3 mars 2011 abonné·es

Forte de nombreuses associations et d’un laboratoire universitaire pionnier sur la question des genres, la ville Toulouse est à la pointe du féminisme. On y milite via les syndicats, les partis, ou hors organisation. Témoignages.

Hélène, 45 ans, écrivaine
« Je milite au quotidien, sans pour autant faire partie d’un groupe. Aujourd’hui, le féminisme ne peut pas avoir le même propos qu’il y a quarante ans, même si les associations ont leur place pour revendiquer avec plus de radicalité. Pour moi, l’émancipation a lieu en prenant part à la vie sociale. On ne peut pas avancer sans intégrer les hommes. »


Julien, 31 ans, militant politique
et syndicaliste CGT à l’hôpital

« On se bat toujours pour le droit à l’avortement, remis en cause par la loi Bachelot pour des questions de budget. Le combat féministe passe aussi par le combat syndical, en aidant des femmes à prendre des responsabilités ou à devenir porte-parole. Les droits des femmes sont toujours remis en cause, comme dans la réforme des retraites. »


Arnaud, 36 ans, enseignant,
membre fondateur de MixCité-31

« Le féminisme, comme l’antiracisme, entre dans une démarche plus large de lutte pour une autre société, à l’encontre des stéréotypes culturels. Être féministe, c’est refuser les rôles qu’attribue la société à chaque genre, comme l’autorité aux hommes, la douceur aux femmes, par exemple. Il y a un travail de pédagogie à faire, les enfants étant conditionnés dès le plus jeune âge. »

Nataly, 33 ans, responsable
d’Osez le féminisme-31

« Les femmes bénéficient de l’égalité en droit, mais pas dans les faits. Il y a eu des avancées depuis les années 1970, mais le combat reste le même. La problématique du corps, par rapport à la maternité notamment, en est le point de départ. Avant, on corsetait les femmes, maintenant on les dévêt dans la publicité. En revanche, le combat a évolué dans la forme. Le réseau « Osez le féminisme » est né sur Internet et s’appuie beaucoup sur les réseaux sociaux. »

Jacqueline, 63 ans, économiste, membre du comité de pilotage « Égalité » de Midi-pyrénées[^2]
« Militante depuis quarante ans, j’ai fini par adopter la vision d’un réformisme à petits pas. Beaucoup de femmes ont intégré les rôles archaïques de la femme-nature et de l’homme-culture. Et les politiques nient les inégalités, alors que 80 % des revenus minimums reviennent aux femmes. Les lois ne suffisent pas. Il faut revendiquer des moyens pour les appliquer. Et pour cela, on ne peut se passer de l’éducation et de la formation. »

[^2]: et du laboratoire universitaire Simone-Sagesse.

Publié dans le dossier
Le retour de la fierté arabe
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