Verts contre rouge

En refusant de se désister pour le candidat de gauche arrivé en tête, les écologistes mettent le feu à la gauche.

Michel Soudais  • 24 mars 2011 abonné·es

La photo de famille était jolie. Incomplète certes, mais par contraste avec une droite défaite et divisée, Martine Aubry, Cécile Duflot et Pierre Laurent, leaders respectifs du PS, d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du PCF, avaient tenu, dès dimanche soir, à appeler ensemble au rassemblement de la gauche pour le deuxième tour des élections cantonales, depuis une péniche. Un rassemblement pour « amplifier » ce qu’ils estiment être une victoire de la gauche et, surtout, contre le Front national. Dans cet exercice médiatique, Cécile Duflot était la plus enflammée : « Nous avons une responsabilité. Il faudra nous secouer les puces pour avoir un projet original qui convainque, qui redonne de l’espoir. »

Illustration - Verts contre rouge

Sitôt finie la séance photo, EELV annonçait toutefois son maintien dans tous les cantons où il n’y a pas de risque que la droite passe, provoquant 30 duels face au PS et 8 autres face au Front de gauche. Un coup de canif sans précédent à la tradition du désistement républicain, vivement dénoncé par les autres formations de gauche. À plusieurs reprises, dans le passé – notamment pour la conquête de la mairie de Montreuil en 2008 –, les écolos avaient déjà refusé de se désister pour le candidat de gauche arrivé en tête quand ce désistement aboutit à ce qu’il ne reste qu’un candidat au second tour, élu à 100 % des voix. Mais jamais à une telle échelle. Au PCF et au PG, les plus attachés à cette tradition, on souligne que le non-respect de cette règle conduit de facto à demander aux électeurs de droite et d’extrême droite d’arbitrer les rapports de force au sein de la gauche.

Mardi matin, les contacts entre le PS, le Front de gauche et EELV se poursuivaient pour faire entendre raison à EELV alors que le dépôt des candidatures en préfecture était fixé à 16 h. À en croire Francis Parny, négociateur du PCF, les discussions avançaient « un petit peu » , le PS n’hésitant pas à mettre dans la balance les négociations sur les sénatoriales et les législatives à venir pour faire plier EELV. Selon lui, les écologistes avaient retiré leur candidat face au PCF dans la Drôme, mais se maintenaient dans trois cantons face au Front de gauche dans le Val-de-Marne alors qu’ils étaient « en train de retirer leur candidat face au PS » .

Par ailleurs, dans une quinzaine de départements, où les relations ne sont pas bonnes avec le PS sur des dossiers locaux notamment, des candidats écologistes refusaient de soutenir les socialistes face… à la droite. Signe supplémentaire que le rassemblement de la gauche affiché dimanche n’est encore qu’un trompe-l’œil.

Politique
Temps de lecture : 3 minutes