Le Parti communiste hésite encore

Les tractations continuent autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Celle-ci reste conditionnée à un accord d’ensemble sur les campagnes de 2012, qui n’interviendra qu’en juin prochain.

Michel Soudais  • 14 avril 2011 abonné·es
Le Parti communiste hésite encore
© Photo : AFP / Medina

Le nom du candidat du Front de gauche en 2012 ne sera pas vraiment connu avant le 18 juin. Le conseil national du PCF, réuni les 8 et 9 avril derniers, n’a fait qu’ouvrir une discussion qui va se prolonger huit semaines auprès des adhérents. Il n’a émis aucune « préférence » , contrairement au souhait qu’avait fait Pierre Laurent lors d’une précédente réunion, le 7 janvier (Politis n° 1135). Bref, à la gauche du PS, petite cuisine d’appareils et tractations entre boutiques ne sont pas encore terminées alors que le programme commence à se faire désirer.

Le secrétaire national du PCF a bien donné « un avis » dans son rapport d’ouverture : la candidature Mélenchon « est, à l’étape actuelle de ma réflexion, la plus susceptible de nous permettre de franchir un cap dans nos objectifs ».  Mais la résolution adoptée par 87 voix contre 30 et 9 abstentions, loin d’entériner cette « opinion » , s’est contentée de la verser au « débat des communistes » . C’est seulement à l’issue de la conférence nationale (du 3 au 5 juin), à laquelle participeront des délégués de toutes les fédérations, qu’un nom sera proposé aux adhérents du PCF. Ceux-ci « se prononceront en toute souveraineté les 16,17 et 18 juin » lors de ce qui ressemble fort à des ­primaires très restreintes. Car, en vertu des statuts du Parti, les candidats dont les noms auront été rejetés par la conférence nationale peuvent toutefois se présenter au vote direct des adhérents.

À ce stade, quatre candidatures sont en lice. Deux sont labellisées par la direction en raison de « l’engagement très majoritaire des adhérents dans la stratégie du Front de gauche » : le député PCF du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, et le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, soutenu par Gauche unitaire, la troisième ­formation du Front de gauche. Celles du député André Gérin et d’un responsable d’une section parisienne, Emmanuel Dang Tran, hostiles au Front de gauche et farouches ­partisans d’une candidature communiste pur jus, ont été enregistrées. Le conseil national invite les communistes à « faire leur choix non pas en soutien à une personnalité » mais au regard de « critères politiques » .

La porte n’est donc pas fermée à Jean-Luc Mélenchon mais « conditionnée à la conclusion d’un accord d’ensemble satisfaisant » , dont l’objectif essentiel pour le PCF est « d’aboutir à un groupe du Front de gauche où la composante communiste sera renforcée » . Les garanties réclamées portent à la fois sur le respect des engagements collectifs, la diversité du rassemblement et sa place dans celui-ci. Pierre Laurent, interrogé par Politis, n’a pas démenti réclamer 80 % des candidatures aux législatives pour son parti. Le numéro un du PCF a aussi insisté sur le fait que « cet accord [devait] permettre à la campagne de se déployer sur le terrain » , sous-entendant que le coprésident du PG doit encore donner des gages aux militants communistes, inquiets des rapports conflictuels qu’il entretient avec les autres formations de gauche et heurtés par ses positions sur l’énergie nucléaire et l’intervention en Libye.

Interrogé sur cette résolution, Jean-Luc Mélenchon s’est cependant déclaré « ému et gratifié » d’être proposé comme possible candidat, jugeant que le texte du PCF marquait « une étape importante puisqu’il y a désormais l’accord de toutes les composantes du Front de gauche pour présenter un candidat commun » . « La question qui avait fait éclater le rassemblement de la gauche antilibérale en 2007 est donc en voie d’être résolue » , positive le Parti de gauche. Une fois ces laborieux pourparlers réglés, des propositions concrètes pour répondre à la crise sociale pourront enfin être formulées…

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