Subversion par l’absurde

Soirée particulière en compagnie des Monty Python. À côté de trois films, un documentaire fleuve, replongeant dans une cosmogonie jubilatoire.

Jean-Claude Renard  • 28 avril 2011 abonné·es

Voilà maintenant une quarantaine d’années, une bande de jeunes trublions investissait la BBC sous le titre de « The Monty Python’s Flying Circus ». Une autre époque, se rappelle Terry Gilliam, où « la télévision comptait beaucoup d’artistes et peu de patrons, lesquels passaient leur temps au café sans se préoccuper de ce qu’on faisait. Aujourd’hui, la pyramide s’est inversée » . Aux côtés de Gilliam (seul Américain, naturalisé Anglais en 1968), John Cleese, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin et Graham Chapman. Une brochette d’auteurs et de comédiens maniant les références, les clins d’œil, et surtout le verbe, porté par le goût de l’irrévérence, l’absurde et le non-sens, la parodie burlesque et la satire, la transgression, le mélange des genres.

Purs British. Au pilori, tous les emblèmes de la reine et les institutions, toute une société guindée incarnée par les Conservateurs. Du féroce et cinglant, immensément drôle, mêlant dessins, animations, chansons et sketches, concentré dans une communauté ni ethnique ni religieuse mais furieusement contestataire. Les Monty avaient signé pour une dizaine d’émissions, en totale liberté. Quand les patrons de la BBC se rendirent compte du foutraque subversif, il était déjà trop tard. Ils en ont réalisé quarante-cinq, avant de poursuivre l’aventure au cinéma, dans une pareille veine, de connaître pour les uns et les autres des fortunes diverses (Gilliam réalisant notamment Brazil). En 2009, quarante années après leur apparition, Bill Jones a entrepris de retracer l’épopée des Monty par les Monty (en dehors de Graham Chapman, mort en 1989).

Monty Python, toute la vérité ou presque propose ainsi (en près de six heures) un regard rétrospectif, sans nostalgie, sur un parcours (des histoires familiales aux influences, des rencontres communes à la confection des émissions). Un regard inscrit dans le temps, entrelardé d’extraits des « Flying Circus » qui justement (pour les non initiés) soulignent encore la modernité des Monty. Modernité et influence à la fois. Difficile aujourd’hui de ne pas voir cette influence jusqu’en France. Sans une ride.

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