Historiettes historiques

Le Russe Daniil Harms et le Nippo-Irlandais Lafcadio
Hearn mis en images.

Marion Dumand  • 26 mai 2011 abonné·es

«Exterminer les enfants est cruel. Mais il faut bien faire quelque chose contre eux. » Une tenaille maintient une oreille arrachée dans une flaque de sang. Le dessin, ou plutôt le découpé-collé, est de Gérald Auclin ; la sortie lapidaire, ou plutôt tranchante, de Daniil Harms. « Harms est un grand poète. Napoléon n’est pas aussi grand que Harms. […] Mais comparé à Gogol, c’est Harms qui n’est qu’une bulle » , explique Auclin dans le premier récit d’ Incidents . La bulle Harms a pris son envol littéraire dans la toute jeune URSS, dont les instances ont très vite peu goûté l’expérimentation et la liberté de ses textes, qu’ils soient pour les jeunes ou les adultes » « pour les enfants et les imbéciles » , selon le sous-titre d’ Incidents .

En 1937, Daniil Harms dénonce les disparitions dans Un homme est sorti de chez lui. En 1939, c’est lui qui « disparaît », enfermé en HP pour échapper à la peine de mort. Son parcours tragique ne saurait faire oublier la grâce étrange, loufoque mais juste, des nouvelles, parfaitement traduites visuellement, tout en aplats passés, par Auclin.

Chez le même éditeur, Martes Bathori adapte des histoires de fantômes nippons. Et un auteur irlandais, naturalisé japonais, Lafcadio Hearn. Amateur de mutants et de frissons, Bathori transplante les spectres du XIXe siècle dans le Japon impérialiste de la Seconde Guerre mondiale. Le résultat, apocalyptique, fait mouche en ces temps de Fukushima.

Culture
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