Liberté, égalité…

À propos des révolutions arabes, l’historien Benjamin Stora s’interroge ici sur la notion même de révolution*.

Benjamin Stora  • 26 mai 2011 abonné·es

À l’origine de la rencontre entre un historien du Maghreb et un journaliste qui questionne l’actualité, se trouve le refus de l’indifférence à l’égard des bouleversements qui ont touché le monde arabe ces derniers mois. Peu de solidarités ont été affichées, et la méfiance l’a tout de suite emporté dans la plupart des milieux intellectuels et politiques. La théorie des « régimes, seuls remparts face à l’islamisme » s’est effondrée, mais la peur de l’avenir ne s’est jamais dissipée. Pourtant, la chute rapide de deux régimes dictatoriaux en quelques semaines (en Tunisie puis en Égypte) et l’embrasement des sociétés (du Maroc à la Syrie en passant par la Libye) soulèvent bien des interrogations et appellent des comparaisons, avec le « 89 » de la Révolution française (les revendications d’égalité) ou celui de la chute du mur de Berlin (les désirs de liberté).

Nous nous sommes donc interrogés sur le sens de ce mot « révolution » pour qualifier ces événements ; sur les origines historiques et sociologiques d’un tel bouleversement ; sur la portée de cette nouvelle vers l’Europe et le monde méditerranéen ; sur le possible commencement d’un nouveau cycle historique. Dans le cours du dialogue, d’autres sujets sont apparus à propos de l’histoire enfouie de la démocratie en terre d’Islam, ou de la crise du discours savant à propos de l’Orient. Notre préoccupation a toujours été de chercher à comprendre un processus si important, et surprenant ; d’établir des points de repères biographiques et bibliographiques ; et, pourquoi pas, d’ébaucher des hypothèses, à propos de la paix entre Palestiniens et Israéliens, ou de la défaite des politiques de la peur en France.

Publié dans le dossier
Le regard américain
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