Eva Joly : «  J’ai passé ma vie à démontrer que je savais me battre »

Avant le troisième débat de la primaire écologiste, mercredi à Lille, Politis.fr publie une série d’interviews avec les quatre candidats à l’investiture EELV. Premier volet : Eva Joly, interrogée après le débat du 9 juin, à Paris.

Xavier Frison  • 13 juin 2011
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Eva Joly : «  J’ai passé ma vie à démontrer que je savais me battre »
© Photo : Rémy Gabalda / AFP

Politis.fr : le débat de ce soir [NDLR : 9 juin] a été assez offensif, avec quelques piques directes entre certains candidats. Qu’en pensez-vous ?

Eva Joly : ce n’est pas le lieu pour faire du rentre-dedans. Ce sont les analyses qui comptent.

Vous vous êtes positionnée clairement à gauche, notamment par rapport à Nicolas Hulot…

J’estime que la pédagogie est efficace par l’exemple. Elle se fait dans l’action, le combat. On ne peut pas penser obtenir un moratoire sur le maïs génétiquement modifié simplement en le demandant gentiment. Cela sort sur la place publique parce qu’il y a des faucheurs volontaires, parce qu’il y a un mouvement citoyen. C’est vrai aussi pour le gaz de schiste. On voit bien que certains intérêts souhaitent voir des sociétés privées explorer les réserves de gaz de schiste, or c’est bien un mouvement massif des citoyens qui fait que maintenant, un projet de loi existe pour réguler l’exploration du gaz de schiste.

Comment analysez-vous la volonté « d’ouverture » réaffirmée par Nicolas Hulot ?

Chacun fait comme il le souhaite, c’est ça la démocratie. Mais vous savez, nos électeurs, pour les européennes ou les régionales par exemple, ce sont les électeurs écologistes qui ont toujours voté pour nous, mais aussi des électeurs déçus du PS ou du centre, et aussi je crois quelques sarkozystes déçus. Donc tous ceux-là sont les bienvenus pour nous soutenir.

Pensez-vous avoir donné l’occasion aux militants de mieux connaître vos idées ?

Je l’espère, oui. Nous avons passé en revue des problèmes importants comme la migration, par exemple, où j’ai pu expliquer quel était le lien entre pauvreté, exploitation et migration. Maintenant, c’est très contraint comme débat, ce n’est pas un format facile. La salle n’est pas très agréable, il fait trop chaud, on ne voit personne.

Ici à Paris, le public vous était favorable, comment l’expliquez-vous ? Le souvenir des élections européennes de 2009 ?

C’est sans doute la reconnaissance du travail accompli. Ces soutiens pensent que je peux être la porte-parole d’un projet collectif.

Que répondez-vous à ceux qui vous estiment trop « tendre » pour concourir à l’élection présidentielle ?

C’est une appréciation, moi je n’y pense pas. J’ai passé ma vie à démontrer que je savais me battre. Il y a un programme commun mais nous l’abordons avec des angles un peu différents, avec des personnalités différentes.

Avez-vous marqué des points lors de ce deuxième débat ?

Il n’y a pas de balle de match, personne qui arbitre ou qui gagne. Chacun assume ses positions.

Si d’aventure vous n’étiez pas choisie, soutiendriez-vous sans réserve le candidat EELV à la présidentielle, quel qu’il soit ?

Je serais très heureuse de faire campagne avec les autres. Nous avons un projet qui est avant tout collectif, c’est ce qui fait sa force.

Politique
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