Le dépeçage de la chose publique

Les indignés grecs rejettent le deuxième plan d’austérité réclamé par l’Union européenne et le FMI, qui comprend des privatisations chiffrées à 50 milliards.

Thierry Brun  • 23 juin 2011 abonné·es

Le 16 juin, le Fonds monétaire international (FMI) lance un ultimatum à la Grèce. L’institution de Washington accordera un prêt contre un nouveau plan d’austérité, qui s’ajoute aux mesures de rigueur déjà décidées en 2010. Le FMI a renouvelé cette exigence auprès du gouvernement de Georges Papandréou, alors que les manifestations des indignés contre l’austérité se succèdent. Ainsi, à la réforme des retraites, aux coupes salariales dans la Fonction publique, etc., devrait s’ajouter, si ce plan est voté par le Parlement grec fin juin, un programme de privatisations chiffré à 50 milliards d’euros d’ici à 2015. « L’État grec est contraint de se dessaisir de biens et services publics pour encaisser des milliards qui partiront en fumée puisqu’ils seront utilisés pour payer les intérêts de la dette et non pour la diminuer. De plus, au vu de la première transaction réalisée avec le géant des télécoms grecs OTE, vendu aux Allemands, ces ventes se feront selon toute probabilité à moitié prix, voire moins », prévient l’économiste grec Athanase Contargyris.


Le plan inclut la cession de ports et d’aéroports, de la Poste et l’ouverture du capital de la société d’électricité, des paris sportifs, de la loterie et de la société de gaz. « Le nouveau programme d’austérité prévoit aussi de nouvelles diminutions de salaires pour les fonctionnaires et les retraités, des hausses des impôts indirects (boissons non alcoolisées, restauration, fuel de chauffage) et quelques mesures moins critiquables comme la lutte contre la fraude, des impôts supplémentaires sur les voitures de luxe, les yachts, ainsi que sur la fortune immobilière et l’abaissement des seuils de non-imposition pour l’achat d’une résidence principale », détaille Athanase Contargyris, qui ajoute que cela se traduira par « des départs de la Fonction publique, des licenciements dans les entreprises publiques et l’abaissement du Smic à 580 euros ».

Le durcissement de l’imposition, la baisse du nombre de fonctionnaires, la réduction des dépenses militaires et du budget d’investissements publics permettraient d’économiser 6,4 millions d’euros dès 2011, selon le gouvernement. Les Grecs ont déjà supporté en 2010 des coupes salariales et une réduction des pensions de retraite, en échange d’un prêt de 110 milliards d’euros accordé par l’UE et le FMI. Une thérapie de choc qui suscite la montée des assemblées populaires place Syntagma, et le rejet d’un gouvernement qui veut verrouiller sa majorité socialiste avant le vote du plan d’austérité.

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