Pablo, 20 ans : « Il existe des marges de manœuvre ! 

Pauline Graulle  • 2 juin 2011 abonné·es

Marinière sur le dos et cheveux blonds en bataille, on le croirait sorti d’un film de la Nouvelle Vague. Pourtant, Pablo est un étudiant du XXIe siècle. Génération Erasmus. Originaire de Badajoz (à la frontière du Portugal), cet Espagnol de 20 ans a rejoint l’année dernière les bancs de Sciences-Po. C’est donc tout naturellement qu’il s’est associé aux indignados de Paris. « Ce mouvement démarré le 15 mai ne se cantonne pas aux jeunes qui campent à la puerta del Sol, insiste-t-il dans un français quasi parfait. Des manifestations ont aussi lieu dans de petites villes en Espagne. Elles rassemblent toutes les générations, toutes les origines sociales. »

Le dénominateur commun ? Selon Pablo, un fort sentiment « d’injustice et d’impuissance ». « Du fait de notre démocratie indirecte [le président espagnol est élu par le Congrès des députés, NDLR], les gens se sentent éloignés de la politique. De plus, l’absence d’alternative entre les deux partis de gouvernement n’offre aucun espoir. » Surtout quand un président de gauche applique sans broncher la politique d’austérité. Et même davantage : « Zapatero va faire passer une réforme qui affaiblit le droit du travail… mais quel est le rapport avec la dette ? », s’agace Pablo. Entre la réforme des retraites et les coupes budgétaires, « en Espagne, l’État providence est en train de disparaître ».

Seule manière d’échapper à ce sombre destin : que la mobilisation fasse tache d’huile en Europe. Particulièrement en France et en Allemagne, où « il y a la même distance entre les peuples et les pouvoirs. Si Merkel et Sarkozy sont obligés de bouger, Zapatero ne pourra plus dire qu’il ne peut rien faire face aux marchés, veut croire Pablo. Or, on peut augmenter les impôts, taxer les transactions financières… Il existe une marge de manœuvre face au capitalisme financier ! » La politique, en somme.

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