Super Rebelle Président !

Christophe Alévêque  • 16 juin 2011 abonné·es

Le constat


Le dépit général est à son apogée, le Front national au zénith, le bilan de la droite dans le puits, l’espoir à gauche dans nos chaussettes, les politiques toujours plus déconnectés du réel et totalement impuissants devant l’économie pesante et dominante, le clivage gauche/droite n’est visible qu’à la loupe, la société terriblement lisse et consensuelle, la liberté d’expression trop contrôlée et ravagée par l’autocensure.


Le combat politique pour la quête du poste suprême de monarque républicain est devenu un véritable spectacle, le débat de fond est pratiquement inexistant, le faire-savoir a pris le pas sur le savoir-faire, l’emballage est plus important que le contenu, la forme a étouffé le fond, et les candidats se transforment en pitres médiatiques sans talent. Normal, ce n’est pas leur rôle. Alors pourquoi un vrai clown ne participerait-il pas au show ? 
Un antihéros, anticandidat, dans une parodie de campagne : Super Rebelle.
Qui est Super Rebelle ?

Au départ, c’est un personnage de scène créé au théâtre du Rond-Point en 2009. Affublé d’une cape et d’un short moulant ridicules, il essaie de comprendre le monde en toute mauvaise foi et en toute subjectivité, un râleur, faussement désabusé, un bouffon social, à la fois naïf et rusé, pathétique et magnifique, utopiste et lucide. C’est un homme libre, qui tient à le rester. Son but : sauver le pays, voire le monde, vu que tout est lié. Super Rebelle est le média des muets, le micro-trottoir des opinions silencieuses. Pendant toute la campagne, il va faire comme les politiques, en pire ; les singer, les caricaturer, à droite comme à gauche. 
Si les prétendants jouent les démagos : Super Rebelle sera super démago. Populistes : Super Rebelle sera super populiste. Menteurs : il sera super menteur. Par contre, si un vrai débat a lieu, idéologique et passionné, si les candidats sont respectueux des électeurs, si la campagne ne se limite pas à un échange de petites phrases et de coups bas, si le cirque prévu n’a finalement pas lieu, Super Rebelle n’existera pas. Autant croire en la béatification prochaine 
de DSK déguisé en concombre.
Comme beaucoup d’autres, Super Rebelle n’a pas envie d’être le témoin passif 
d’un règlement de comptes politique sur le dos des électeurs de plus en plus indifférents à ce jeu de manipulations et de manigances, dont le seul but est d’accaparer ou de conserver le pouvoir.



L’appel


Pour redonner du sérieux à la politique, je m’adresse à tous les angoissés, les paumés, les largués, les dépités, les écœurés, les frustrés, les impuissants, les votes blancs, les votes nuls, les non-votants et tous ceux qui votent Front national par rejet, pour leur dire : vous existez ! Vous n’êtes pas des marginaux de la République ! Voter Super Rebelle, c’est exister sans mettre la démocratie en péril ! Un deuxième tour avec la présence du Front national serait un déni de démocratie. Si SR peut détourner une partie de la vague bleu marine (la même que l’on voit quand on nettoie ses chiottes et qu’on tire la chasse) dans les égouts, ce sera une victoire. 
Si je peux mettre en valeur le vote blanc et le vote nul, qui ont un sens mais qui ne sont malheureusement pas considérés à leur juste valeur, ce sera 
une victoire également.



La démarche


La candidature de Super Rebelle est hautement pédagogique sous des allures de héros pathétique. Il n’est pas là pour dire : ils sont tous pourris ! Même si globalement une certaine odeur se dégage. Pas là pour dire : la gauche et la droite, c’est pareil ! Même si entre une pensée de gauche et une caution de droite, 
il y a l’épaisseur d’un chèque. Il s’agit 
de pousser les gens qui ne s’intéressent plus du tout à la chose publique 
à s’impliquer et à retrouver le goût 
du suffrage et de l’engagement. Une vraie posture morale.
D’un point de vue personnel, je veux que mon fils, qui vient d’arriver sur le marché de l’électorat et pour qui ce sera une première, se déplace et aille voter et pour qui il veut ! Ce n’est pas gagné ! Pour l’instant, l’indifférence et l’inintérêt prennent toute la place dans son esprit déjà dégoûté par la classe politique dans sa globalité. Il a tort, mais la faute à qui ? Si un pitre peut, en toute modestie, 
éveiller quelques jeunes consciences, 
le pari sera gagné.
Super Rebelle : le seul candidat 
que vous pouvez soutenir sans être obligé de voter pour lui.



Les 500 signatures


À ma grande surprise, des élus m’ont déjà fait des promesses ! Je lance un appel à tous : soyez nombreux et n’ayez pas peur. Cela fait quinze ans que Christophe Alévêque, qui se cache sous les traits 
de Super Rebelle, parcourt les routes 
de France. Il en connaît, des élus ! Nous ne sommes pas à l’abri d’une très grosse surprise. Si tout cela était aussi sérieux que l’humour… De toute façon, signatures ou pas, Super Rebelle ira jusqu’au bout. La parade est très simple : rien n’empêche l’électrice ou l’électeur d’imprimer lui-même son bulletin et de le glisser dans l’enveloppe. N’est-ce pas l’expression ultime et désespérée de la démocratie ?



Le programme


Super Rebelle a un programme : une feuille blanche ! Ce sera aux électeurs de bonne volonté de la remplir. Rebelle notera toutes les idées, quitte à être en totale contradiction, car Super Rebelle est déjà entré en campagne ! Intolérants, racistes et antisémites s’abstenir ; 
ce principe de programme à la carte 
est un défouloir, non pas un crachoir.
À cette heure, le programme compte déjà deux pages allant de propositions sérieuses, voire très sérieuses, à du grand n’importe quoi. N’est-ce pas un résumé caricatural de la politique gouvernementale subie par les citoyens depuis un temps certain, ou des promesses irréalisables de certains candidats ? 
Super Rebelle récoltera toutes 
les propositions durant sa « campagne spectacle » et sur le Net : Facebook Super Rebelle Président. Venez « adhérer », 
et devenez Rebellien ou Rebelliste !
Vive la République et le pain frais !

Digression
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