Disons-le gentiment

Sébastien Fontenelle  • 14 juillet 2011 abonné·es

Ces mecs de droite ? (Et quelques nanas aussi, t’as raison, Nadine — mais disons les mecs pour faire plus vite ?) Ces tout petits mecs atroces dont le grand lider culmine sur des talonnettes et qui depuis cinquante mois ( cinquante mois, putain, mais nous, rien, nous restons gentil(le)s) nous infligent ce qui s’est vu depuis soixante-six ans de plus incroyablement dégueulasse ?


Y a quelque chose, quand même, qu’on peut malgré tout pas leur ôter.
La décence, si : on peut. La dignité : on peut aussi. De même, d’ailleurs, que, plus généralement, nombre d’autres variées qualités qui se trouvent, chez eux, beaucoup moins développées que chez, disons, le rémora. (Ou l’hyène, tiens — et nous ne parlons pas seulement, ici, de sa variété dactylographe.)

Mais on ne peut absolument pas leur enlever qu’ils ont, plus trophié même que chez Laurent Joff les trompeteurs de presse des liesses libérales, le goût de la compète — et de se défoncer pour être toujours preum’s dans leurs domaines de compétence, qui sont, principalement, 
et dans cet ordre : petit un, la haine de tout ce qui n’est pas eux, petit deux, la haine de tout ce qui n’est pas eux, et, petit trois, devine quoi ?


La haine de ce qui n’est pas eux — bravo, Jeannot, c’est bien que tu suives.
Quand l’un d’eux vomit ainsi que les Arabo-musulmans, d’accord, c’est bien qu’il y en ait aussi sous le Plomb du Cantal, mais à condition qu’ils ne soient qu’un (et du sain régime alimentaire d’houblon doublé de porc 
où s’identifie la France qui gagne), sinon 
 « y a des problèmes »  ?


Loin de se laisser dominer par le sentiment — démobilisateur — que jamais ils ne sauront cracher d’aussi laides éructations, ses cothurnes s’empressent d’au contraire le déborder sur sa droite, et ça donne le rare spectacle, hélas accessible aux mineurs, d’un ministre d’État dont l’essentielle contribution à la com de son gouvernement consiste à déclamer, tous les quatre ou les six matins, comme d’autres pourraient faire de fables à « rat de peu de cervelle », de la pornographie pénique.


À cette constante émulation, un personnage vient de se gagner une gerbe d’honneur : c’est le maire [^2]
 de Thonon-les-Bains, riante cité de l’Haute-Savoie, qui vient d’édicter (je crois que c’est comme ça qu’on dit) que, dès la rentrée prochaine, les chômistes locaux devront produire des justificatifs de présence « à un entretien d’embauche ou à une formation » [^3] pour que leurs enfants puissent manger à la cantine — « dans les limites », toutefois, « des places disponibles » (car il messiérait, n’est-ce pas, que les filles et fils de pauvres soient trop nombreux sur la semoule).
Et je ne dirais pas que cela, qui est tellement de son temps d’abjection, appelle de commentaire(s) particulier(s) — mais si quelqu’un(e) parmi toi sait quand, au juste, nous arrêtons d’être si ridiculement gentil(le)s  ?


Je suis assez preneur.


[^2]: UMP, comme t’avais deviné.

[^3]: Libération, 11 juillet 2011.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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