États-Unis : quelle réforme ?

Robert Guttmann  • 21 juillet 2011 abonné·es

La crise des finances publiques états-uniennes prend ses racines dans les décisions prises depuis dix ans. Au début des années 2000, les États-Unis avaient un excédent budgétaire amassé pendant les années de boom économique du second mandat de Clinton (1997-2000). Plutôt que de préparer la montée en charge des retraites des baby-boomers, Bush décida d’utiliser ce surplus pour octroyer d’énormes réductions fiscales — 1 350 milliards de dollars — en faveur de la tranche des 10 % de revenus les plus élevés, alors même que les inégalités de revenus explosaient. La charge fiscale des entreprises est tombée à 1,8 % du PIB, contre une moyenne de 2,5 % dans les pays de l’OCDE.


Par ailleurs, prenant prétexte des attentats du 11 septembre 2001, Bush augmenta les dépenses militaires avec les guerres d’Irak et d’Afghanistan, qui ont coûté jusqu’à maintenant plus de 4 000 milliards de dollars. Des programmes d’assurance-maladie en direction des pauvres et des personnes âgées ont aussi été développés sans maîtrise suffisante des dépenses. Sous l’effet de ces politiques, le budget passa d’un surplus de 2 % en 2000 à un déficit de 3,5 % sur l’exercice 2006-2007. La crise a aggravé de 4 % du PIB ce déficit en raison notamment de la chute brutale des recettes fiscales, passant à leur niveau le plus bas depuis soixante-dix ans !


Les divers plans de sauvetage des banques, de soutien de l’économie, ainsi que la politique de relance destinée à lutter contre la récession à partir de 2008-2009 ont amené une charge supplémentaire de près de 5 % du PIB pour les finances publiques. Additionnées, toutes ces dépenses ont conduit à un déficit budgétaire de l’ordre de 10 % du PIB au cours des trois dernières années. Actuellement, le gouvernement fédéral dépense 88 % de son budget pour les dépenses de Sécurité sociale (retraites), les programmes de santé Medicare (personnes âgées) et Medicaid (pauvres), les dépenses militaires et le service de la dette. Le délicat problème auquel est aujourd’hui confrontée l’administration Obama, et la cause de son conflit avec le Congrès, sous l’influence des Républicains extrémistes du Tea Party, est que le contrôle des déficits publics nécessite soit une réforme des programmes sociaux de retraite et de santé, exigée par les Républicains et refusée par les Démocrates, soit une hausse des impôts à laquelle les Républicains sont violemment opposés.

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