Les fulgurances d’Attali


Denis Sieffert  et  Christophe Kantcheff  et  Jean-Claude Renard  • 28 juillet 2011 abonné·es

Illustration - Les fulgurances d’Attali


Ah, les missions ! Elles suscitaient beaucoup de convoitises. Quel admirable tremplin aux ambitions ministérielles quand on n’est pas en situation de postuler immédiatement. Le plus pugnace était un certain Jacques Attali. Il venait, au cours de l’été, de boucler un essai qu’il qualifiait de « visionnaire », publié sous le titre C’est demain dès aujourd’hui, sous-titré Fulgurances pour un millénaire à venir. Comme toujours chez Attali, tout n’était pas à jeter. Yves Cochet, notamment, avait signalé à Cécile Duflot qu’il avait trouvé là quelques pistes séduisantes. Et l’idée de confier à l’ancien sherpa de Mitterrand un travail de prospection effleura la Première ministre.


Las, deux jours avant le rendez-vous prévu, le Canard enchaîné publia le fac-similé de la thèse d’un étudiant en troisième cycle de l’université de Bordeaux, d’où il ressortait, sans erreur possible, que l’imagination de notre Bogdanov de la politique était plus limitée qu’on ne le pensait. En fait, Attali était de bonne foi. Il n’avait jamais vu cette thèse ni de près ni de loin. C’est le « nègre » (1) qu’il avait engagé qui avait eu un petit coup de déprime en voyant les échéances approcher. Chose remarquable, à la suite de ces révélations, Attali fut déprogrammé de plusieurs émissions de télé et de radio. Le temps d’une certaine impunité médiatique était révolu. Il faut dire que le « PAF » avait subi au début de l’été un sacré coup de torchon.

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