Petrucciani : portrait flou

Un film de Michael Radford sur l’homme handicapé plus que sur le musicien génial.

Ingrid Merckx  • 28 juillet 2011 abonné·es

Pas de musique au premier plan. C’est par un commentaire ému sur sa taille et son talent que débute ce film consacré à Michel Petrucciani. Pianiste de génie mort en 1999, à 36 ans. A-t-il succombé à la maladie avec laquelle il était né : l’ostéogénèse imparfaite ou « maladie des os de verre », qui explique qu’il mesurait un mètre et ne s’est déplacé, longtemps, que porté comme un bébé ? Ou est-ce une combinaison de cette pathologie et de consommation d’alcool et de ­drogues qui l’a tué ?

Portrait de l’homme qui transcende son handicap plutôt que du musicien, le film reste imprécis. Peur d’entacher le mythe ? De sombrer dans le voyeurisme ? Michael Radford se garde de toute enquête. Il ne fait pas complètement l’impasse sur les « excès » et les « démons » du jazzman, évoqués ici ou là, mais plus par honnêteté que volonté de creuser cette personnalité hors du commun.

Des partis pris égarent, comme de ne jamais préciser l’identité de ceux qui témoignent face caméra. La réflexion sur les origines populaires du musicien, son enfance à Montélimar, la technique de sa main droite, son humour ou ses performances amoureuses n’a pourtant pas la même résonance si elle provient de sa femme, du patron de Dreyfus Jazz, de son fils (qui a hérité de sa maladie) ou du saxophoniste Charles Lloyd. De même, savoir quelles sont les archives – répétitions, discussions ou concerts avec Aldo Romano, Lee Konitz, Joe Lovano ou Wayne Shorter –, c’est de l’information, voire de l’éducation musicale…

Culture
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