Un « Ayraultport » totalement inutile

Les opposants au projet ont démontré, études à l’appui, que l’aéroport actuel de Nantes Atlantique n’est ni saturé ni dangereux. Et qu’il peut même être agrandi.

Patrick Piro  • 14 juillet 2011 abonné·es

Hypothèses de trafic, coûts, emprise foncière, impact social et écologique… Depuis dix ans, les opposants démontent patiemment arguments et chiffrages de l’« Ayraultport », baptisé ainsi en référence au maire de Nantes, son promoteur en chef. « Nous n’avons jamais été démentis », souligne Julien Durand, porte-parole de l’Acipa.


Notre-Dame-des-Landes a été imaginé pour remplacer l’aéroport Nantes Atlantique, prétendument « saturé », mais qui peut accepter 110 000 mouvements d’avions par an, contre 38 000 actuellement (3 millions de passagers). L’activité, stagnante, ne laisse pas redouter « l’explosion » annoncée, et l’aérogare peut être agrandie. La piste unique de Nantes Atlantique « freine sa compétitivité »  ? Avec une piste, Gatwick (Angleterre) gère dix fois plus de trafic, Genève trois fois plus, etc. Et avec sept fois moins d’emprise que les 2 000 hectares que consommerait Notre-Dame-des-Landes (deux pistes, routes, etc.). Nantes Atlantique est-il un « danger »  ? Il est en « classe A », la meilleure selon la Direction générale de l’aviation civile, et le survol de Nantes, décrié, peut être évité sans délocaliser l’aéroport.


L’investissement, évalué à 551 millions d’euros ? Une escroquerie, selon les opposants. À Stansted (Londres), l’ajout d’une piste est chiffré à 2,9 milliards d’euros.
Le Collectif des élus opposés à l’aéroport (Cédpa) a commandé pour septembre une étude économique à un cabinet indépendant. Les premiers résultats semblent valider les évaluations des « anti ». Leur recours auprès du Conseil d’État contre la déclaration d’utilité publique (DUP), signée par le gouvernement en 2008, a été rejeté sans justification, ce qui a déclenché une plainte auprès de la Cour de justice européenne. D’autres actions sont en cours, en raison notamment de la modification du régime hydrique qui serait imposée au plateau de Notre-Dame-des-Landes, « château d’eau » de Nantes. « C’est peut-être l’explication du retard pris par le processus d’expropriation des 225 propriétaires fonciers du périmètre du projet, qui aurait dû débuter en février dernier », commente Michel Tarin, agriculteur. Les opposants gardent confiance : de grands projets très avancés ont finalement été abandonnés, comme la centrale nucléaire du Carnet, devant Nantes, neuf ans après la signature de la DUP et le lancement des expropriations.

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