À la recherche du bon costume

Pauline Graulle  • 22 septembre 2011 abonné·es

« Je suis un enfant de la France profonde. » Ainsi Arnaud Montebourg débute-t-il Des idées et des rêves, son ouvrage programmatique publié en 2010. Pas un hasard. Son look de jeune premier dessert la promotion de ses idées, qu’il veut les plus à gauche du PS. Celui qu’on accuse souvent, à tort, d’avoir fait choir de son nom une particule gênante, s’applique donc à gommer le hiatus. Quitte à surjouer dans les talk-shows politiques le provincial « sans appuis », petit-fils d’Algérien émigré dans le Morvan et « fils de boucher » …
Incontestablement, l’ancien avocat (huit ans de barreau) est un habitué des effets de manche. Entré en politique à 34 ans « par effraction », Montebourg n’a cessé de partir en croisade. Aujourd’hui contre la mondialisation et la finance, comme hier, contre l’argent et les puissants.



 Premier fait d’armes, la commission d’enquête parlementaire sur la délinquance financière en col blanc, que le député de Saône-et-Loire conduit, de 1999 à 2002, avec Vincent Peillon. Dans les années 2000, sa vindicte contre Chirac, à défaut d’envoyer le Président devant la Haute Cour de justice, lui ouvre les portes des médias. Pour d’autres coups d’éclat : quand il réclame, seul contre tous, la tête de Frêche et de Guérini, ou raille la « tradition délinquante » de TF 1…
S’il garde le cap de ses indignations, l’intéressé apparaît moins constant dans le jeu politique. Lors du congrès du Mans en 2005, il refuse la synthèse et quitte le Nouveau Parti socialiste (qu’il avait créé avec Peillon et Dray) pour fonder « Rénover maintenant », courant qui milite, entre autres, pour la VIe République. C’est donc à la surprise générale qu’il devient porte-parole de Ségolène Royal pour la présidentielle de 2007 — on n’oubliera pas son mot sur Hollande, « seul défaut » de la candidate. Même étonnement lorsque le défenseur du non-cumul des mandats vire sa cuti en 2008 pour devenir président du conseil général de Saône-et-Loire en plus de sa députation — il a promis depuis d’y renoncer. 



Rallié à la motion Aubry au congrès de Reims en 2008, celui qui estime « fini le temps des éléphants » a été désigné comme secrétaire national à la rénovation du PS, chargé de la création de la primaire, une élection qui pourrait bien le consacrer comme un outsider de poids. Après l’avoir longtemps cherché, Montebourg semble enfin avoir trouvé son costume.