Allez, zou : je me le repasse

Sébastien Fontenelle  • 22 septembre 2011 abonné·es

Chez moi, dans le printemps dernier, on a fait comme on voulait faire depuis plein de mois déjà : on a viré la télé du logis.
[Je sais pas si t’as déjà essayé de résilier un abonnement chez le gars qui depuis quinze ans t’assurait ton bouquet mille-chaînes- dont-France-24-en-ourdou -et- en-plus -on-te-change-la-moquette-tous-les-trimestres, et dont le service dédié à l’écoute attentive des fil(le)s de pute(s) qui voudraient se désabonner a été subrepticement délocalisé en Relounésie (où les numéros de téléphone commencent comme tu sais par 0 820, t’assurant que la communication plafonne à 125 euros la minute, mais don’t worry, un conseiller va prendre ton appel dans à peine trois heures) ? Non je te demande, parce que si t’as pas encore tenté l’expérience, conseil de pote : mieux vaut que tu fasses une cure de benzodiazépines un peu soutenue avant de te lancer — ça peut aider.]
Donc : plus de télé. (Mais je te rassure : on a gardé de quoi se mater peinardement le Dernier Samaritain en sirotant des sodas yankee s.)


Résultat, dimanche soir, j’ai pas pu regarder Dominique Strauss-Kahn sur TF 1 : j’ai été obligé d’attendre que de bonnes âmes le balancent sur Youtube pour le voir. Et j’adore ce truc : j’arrête pas de me le repasser. (Si tu veux pas te saturer d’antidépresseurs, avant de résilier ton abonnement télé, tu peux avantageusement les remplacer par une cure de DSK sur TF 1 : l’effet relaxant est le même.)


Je suis totalement accro, en particulier, au passage où Claire Chazal demande à l’ex-patron du FMI s’il comprend que les gens aient été un peu étonnés de le voir se louer à Tribeca une maison à plusieurs dizaines de milliers de dollars le mois (merde alors, Domi, tou(te) s ces braves con(ne) s de pauvres à qui qu’on disait que t’étais de gauche), et où le mec lui répond, en substance, qu’évidemment, il comprend, Claire Chazal (Anne m’a dit de te dire que c’était d’accord pour vendredi, au fait), pour qui me prenez-vous, bordel…

…Mais que c’est pas de sa faute à lui, s’il a finalement été obligé de se loger chez les bourges : lui, il voulait se prendre un tout petit « deux-pièces » pourri dans le trou du cul du Bronx, mais les voisin(e) s ont gueulé qu’ils ne voulaient pas de lui, alors il a essayé de pécho un « studio », mais là encore le neighbourhood a commencé à faire des pétitions sur le thème pas-de-voyou-dans-mon-bar ; alors oui, Claire Chazal, nous avons bien dû, Anne (qui t’embrasse) et moi, nous résoudre à nous rabattre sur cette foutue « maison », avec ses quarante-neuf salles de bains (c’était ça où je retournais en taule, où des gangs de Grecs rancuniers m’avaient carrément ciblé) — mais croyez-moi, ce ne fut point du tout de gaieté de cœur, moi, perso, je vous le répète, je voulais juste un petit bout de trottoir avec un duvet, près d’un Starbucks.
Ce qu’oyant, Jack Lang(ue) stridula que Dominique avait « révélé une fois de plus sa haute stature intellectuelle et morale »  : allez, zou, je me le repasse, c’est trop bon.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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