Ça ressemble assez à un miracle…

Sébastien Fontenelle  • 15 septembre 2011 abonné·es

Or donc : un avocat du nom de Bourgi, dont la fonction incluait, si j’ai bien saisi, la remise de fonds occultes à l’RPR (c’est dire l’haute idée que le gars se fait de son métier), soutient (notamment), d’après le Monde, qu’il a « participé », naguère, « à plusieurs remises de mallettes » pleines de bons gros biftons, gentiment offertes par de compréhensifs und démocratiques chefs d’État d’Afrique « à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris ».

Et, bon, jusque-là, tout va bien — on est en terrain connu : faudrait véritablement être l’ultime des nœuds pour faire mine de découvrir aujourd’hui que la droite françousque  [^2] a le cul si sale que le jour où on va la remettre au fond des poubelles d’où elle n’aurait jamais dû sortir, faudra quand même penser à bien les fermer, bien hermétiquement, si qu’on veut pas se fader pendant vingt ans de la grosse mouche verte.
Là où l’histoire devient nettement plus originale, c’est quand, répondant à cette vive interpellation, le même Chirac « annonce » qu’il va « porter plainte » — et quand, plus précisément, son avocat, Jean Veil, déclare sans pouffer qu’à « à la suite des propos tenus » par son ex-teupo Bourgi, l’ancien Président lui « a demandé de déposer plainte pour diffamation ». 
Non parce que, si mes souvenirs sont bons, pas plus tard que la semaine dernière encore, le Chirac ? Il était frappé d’une sévère anosognosie, qui est comme désormais chacun(e) sait « un des symptômes de ce que le grand public connaît sous l’appellation de maladie d’Alzheimer [^3] », où les malades perdent la mémoire, « oubliant » même « qu’ils oublient ».

De sorte qu’il n’était, à l’époque (il y a une grosse huitaine de jours), pas du tout en état (un certificat médical en fit foi, dont Jean Veil ne contesta nullement la validité) de se présenter à son procès — vu qu’il n’avait, d’après son gendre, « plus la mémoire », et qu’il ne reconnaissait d’ailleurs « pas forcément les gens », comme le raconta gentiment le toujours délicat Bernard Debré.

Alors moi, ce que je voudrais — comme t’auras, je parie, pressenti ? C’est qu’on m’explique, un peu vite, comment le même mec, dont les avocats jurent qu’il ne se souvient de rien quand il s’agit de se présenter devant ses juges pour répondre de son implication d’antan dans le financement occulte de son parti, recouvre tout d’un coup, une semaine plus tard, assez de mémoire pour se rappeler que non, pas du tout : jamais il n’a reçu le moindre centime du moindre ami from Africa, contrairement à ce qu’affirme ce gros XXXXXX de Bourgi (qu’il semble tout à fait bien reconnaître, pour le coup).
 A priori, ça ressemble à un miracle, et j’espère que c’est bien de cela qu’il s’agit — sans quoi, je crains : nous allons encore nourrir l’improductif sentiment qu’on s’est encore foutu de nos gueules.



[^2]: Tout comme d’ailleurs de conséquents bouts de la « gauche », qui devrait carrément y aller mollo sur les leçons de maintien…

[^3]: Comme l’a expliqué le Monde.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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