DSK, revenant gênant

Cette fois, les socialistes prennent fermement leurs distances avec leur ancien candidat potentiel.

Thierry Brun  et  Jeanne Portal  • 8 septembre 2011 abonné·es

Dominique Strauss-Kahn a-t-il encore un avenir politique ? Sitôt connue la décision de la justice américaine d’abandonner les poursuites contre l’ancien directeur du FMI, l’immense majorité des responsables socialistes s’étaient félicités qu’il ait été, selon leur expression, « blanchi » et qu’il puisse regagner librement la France. Certains de ses amis politiques imaginaient même que l’ancien candidat potentiel à la présidence de la République pourrait retrouver un rôle de premier plan en France ou en Europe. C’était le 23 août. Depuis, cette sympathie proclamée a laissé place à des prises de distance plus ou moins marquées.


Martine Aubry, la première, s’est montré agacée sur Canal +, le 30 août, que les journalistes l’entraînent à « parler pendant des heures » de DSK. Non sans déclarer partager l’avis de « beaucoup de femmes » sur « l’attitude » de son ancien allié à leur égard. Aucun ténor socialiste ne remet en question la « compétence » de DSK, mais c’est à lui « de dire le rôle qu’il souhaite jouer pour son pays », a déclaré dimanche François Hollande, en comptant son ancien rival parmi les talents auxquels il pourrait avoir recours… « au lendemain de l’élection présidentielle de 2012 ». Pour tourner la page de l’épisode ­judiciaire new-yorkais, « il faut laisser du temps au temps, comme disait François Mitterrand », a répondu pour sa part Ségolène Royal.


Même les strauss-kahniens refusent d’envisager un retour de l’ancien responsable socialiste sur le devant de la scène politique avant longtemps. « DSK est libre de son rythme et de ses choix », mais « le temps de la reconstruction, forcément long, commence », note, dans un communiqué, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis, soutien du maire de Lille dans la primaire pour l’élection présidentielle.


Élu lui aussi dans la capitale, Jean-Marie Le Guen, qui s’est rallié récemment à François Hollande, fait le même constat : « DSK n’est plus candidat à l’élection présidentielle. Il ne reviendra pas à la vie politique classique en tout état de cause avant plusieurs mois. »


Entre-temps, un sondage BVA publié le 26 août dernier indiquait que 58 % des Français pensent que « ce serait plutôt une mauvaise chose » pour le PS que DSK « joue un rôle politique important pendant la campagne présidentielle ». « Il reste un boulet pour le PS », analyse le politologue Stéphane Rozès, convaincu qu’avec son image écornée « moins les socialistes parleront de lui, mieux ce sera ».

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