Quand ça discute tous azimuts

Initié par le PG mais élargi à cinq organisations, le Remue-méninges a été le théâtre d’une soixantaine de débats sur les sujets les plus divers.

Michel Soudais  • 1 septembre 2011 abonné·es

Tout autour des tables de la librairie dressée, en plein air, devant l’entrée de l’université Stendhal de Grenoble, des lecteurs se pressent, avides de nourritures intellectuelles. Nous sommes au Remue-méninges. Pour la troisième édition de son rendez-vous estival, le Parti de gauche avait décidé d’en ouvrir l’organisation aux formations engagées à ses côtés dans la campagne présidentielle : le PCF, la Gauche unitaire, mais aussi la Fase, Convergence et alternatives, et République et socialisme.

Au moment où le Front de gauche s’élargit, l’objectif était de renforcer les liens entre militants et groupes politiques, journaux et revues, intellectuels, militants du mouvement social qui se situent dans l’espace politique du rassemblement. Et de montrer que ce dernier n’est pas seulement un fait électoral. Un pari en grande partie atteint.


Si des communistes étaient bien présents sur le campus grenoblois, le PCF n’avait pu décommander son université d’été, qui se tenait parallèlement aux Karellis, une station savoyarde dédiée au tourisme social, à 120 km de là. Jean-Luc Mélenchon s’y est rendu dès vendredi après-midi pour y prononcer son premier discours devant des militants communistes depuis sa désignation comme candidat commun du Front de gauche en juin. Et clore symboliquement cette séquence, en présence d’André Chassaigne, son challenger malheureux, qui sera à ses côtés dans la campagne. Pierre Laurent a fait, lui, le voyage en sens inverse dimanche pour participer au meeting de clôture de ce Remue-méninges, qui n’aura jamais aussi bien porté son nom.


Samedi, on se pressait à l’atelier organisé par le Sarkophage, où Paul Ariès différenciait la gratuité qui accompagne le système en aidant ceux qui n’ont pas les moyens de consommer et la gratuité qui émancipe ; une gratuité dont plusieurs intervenants devaient montrer qu’elle peut être un instrument de transformation de la société et de réponse à la crise environnementale.

Grosse affluence aussi dans l’amphi voisin, où Michel Husson, Stéphanie Treillet et Jacques Généreux interrogeaient la possibilité de réformer l’euro. Dans des salles plus modestes, les conditions d’une transition écologique et sociale de l’agriculture ou les politiques familiales et les nouvelles parentalités, ou bien encore la question des rapports du syndicalisme et de la politique, étaient âprement débattues…


Une bonne dizaine de tables rondes et d’ateliers se tenaient ainsi trois fois par jour en parallèle. Un rythme qui n’a pas empêché les participants de poursuivre les discussions à la cafétéria estudiantine.


Très suivis aussi, les débats sur le Front national ou la gestion publique de l’eau, avec notamment l’exemple de la ville de Grenoble expliqué par le président de sa régie, Éric Grasset, et celui de la communauté des Lacs de l’Essonne, présidée par Gabriel Amard (PG), qui a fait dire à Jean-Luc Touly, spécialiste de ce dossier et conseiller régional EELV d’Île-de-France, que le PG est plus avancé sur la question de la gestion de l’eau que son parti.

Le soir, ça continue ! Vendredi, les militants du Parti de gauche se sont risqués à jouer une pièce de théâtre de Frédéric Lordon, écrite au printemps, sur la crise financière. Exercice délicat puisque l’économiste, qu’on ne connaissait pas sous cet angle facétieux, a écrit sa comédie sur le monde de la finance, la perfidie des banquiers, leur collusion avec le pouvoir en… alexandrins.
Au terme du week-end, plusieurs invités (syndicaliste, associatif ou politique) extérieurs au Front de gauche confiaient n’avoir pas vu autant de militants du mouvement social depuis longtemps. Si les très nombreux débats n’ont pas tous permis de formuler des propositions précises destinées à intégrer le programme du Front de gauche, dont la publication est annoncée pour la Fête de l’Huma (sans que cette publication l’empêche d’évoluer au cours de la campagne), ils ont renoué avec la tradition des « débats ouverts », se félicitent les organisateurs.

Politique
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