Sexe et genre

Olivier Doubre  • 8 septembre 2011 abonné·es

À la suite d’associations familiales catholiques qui, avant l’été, avaient demandé au ministre de l’Éducation nationale le retrait de nouveaux manuels de sciences de la vie et de la Terre (SVT) à cause de certains chapitres sur la sexualité, 80 députés UMP (la plupart membres de la Droite populaire) se sont indignés contre l’enseignement de la « théorie du genre » aux classes de première générale. Ils ne supportent pas que l’on présente aux lycéens de France l’identité sexuelle comme « construite tout au long de la vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socioculturel ».

Utilisé dès 1975 par l’anthropologue féministe américaine Gayle Rubin pour bien marquer la différence avec le mot « sexe », qui fige des identités complexes et parfois multiples, le terme « genre » a été repris par l’historienne Joan W. Scott en 1986 dans un texte qui fit date : « Le genre, une catégorie utile à la recherche historique », ouvrant un large champ de recherches auxquelles se consacrent depuis de nombreux départements des universités des États-Unis.

On ne peut donc que rester coi face à la poussée d’urticaire de ces parlementaires de l’UMP (dont le député du Nord Christian Vanneste, jadis condamné pour propos homophobes, Lionnel Luca, Éric Raoult et Jacques Myard). Il n’existe en effet pas de « théorie du genre » mais des années de recherches en sciences sociales sur la construction des identités sexuelles — ou de genre –, s’appuyant sur la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. »

Ces travaux ont montré que les différences entre femmes et hommes ne tombent pas du ciel mais sont socialement et progressivement construites. Affirmation que ces messieurs de l’UMP, n’ayant jamais douté d’être de vrais mâles, ont du mal à comprendre et à accepter.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 
Entretien 27 mars 2024 abonné·es

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 

De nombreuses personnes handicapées s’opposent à l’euthanasie mais ne sont pas entendues. Une forme de validisme que dénonce l’avocate et militante féministe Elisa Rojas.
Par Hugo Boursier
À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?
Intersections 27 mars 2024

À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?

La chanteuse, star à l’international, serait indigne, sondages à l’appui, de représenter la France lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Pourtant, c’est elle qui est une chance pour le pays et non le contraire.
Par Maboula Soumahoro
Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?
Démocratie 27 mars 2024 abonné·es

Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?

Le politiste Sébastien-Yves Laurent interroge le rôle du secret dans le fonctionnement des États, à l’heure où l’on souhaiterait une certaine transparence démocratique. En vain, une part clandestine de tout État demeure.
Par Olivier Doubre
« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »
Entretien 20 mars 2024 libéré

« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »

« Benyamin Netanyahou, c’est une sorte de nazi sans prépuce. » Pour cette formule, Guillaume Meurice, l’humoriste star de France Inter, a reçu une convocation devant la police judiciaire. Dans son nouveau livre, Dans l’oreille du cyclone, il revient sur cette polémique et rappelle l’importance de défendre la liberté d’expression.
Par Pierre Jequier-Zalc