Transport : Veolia met les gaz

Des lignes de cars sont ouvertes entre les régions à des prix low cost. Au détriment de la SNCF.

Claude-Marie Vadrot  • 15 septembre 2011 abonné·es

Après un long forcing de Veolia, le ministre des Transports, Thierry Mariani, a donné autorisation le 6 septembre à la flottille d’autobus Eurolines d’exploiter des lignes partant de Paris et d’autres reliant des villes comme Lyon et Marseille ou Lyon et Montpellier. En juillet, Eurolines, exploité par Veolia, avait déjà fait une tentative en prolongeant ses trajets européens vers d’autres villes françaises que Paris. 


Une grande partie de la presse a accueilli cette décision avec enthousiasme, expliquant qu’elle entraînerait une forte diminution du coût des déplacements sur le territoire français « grâce » aux 150 liaisons ouvertes la semaine dernière et à la centaine d’autres qui devraient suivre d’ici à la fin de l’année.


Effectivement, selon les tarifs actuels — qui ne sont que des produits d’appel –, se rendre de Paris à Bordeaux en autocar pour 41 euros contre 70 (tarif maximum) par le train, à Rouen pour 8 euros, à Angers pour 17 et à Caen pour 15, peut paraître intéressant.


Le ministre a expliqué, depuis la gare routière de la porte de Bagnolet, à Paris, où il a annoncé la nouvelle, qu’il ne s’agissait pas de faire de la concurrence à la SNCF, mais d’offrir des prix de transport attractifs aux jeunes, aux étudiants et aux retraités (il n’a pas osé dire aux chômeurs…). Autrement dit, transportons les plus pauvres par la route et les plus riches par le train, dont les prix sont en augmentation et toujours plus opaques. À tel point qu’on se demande si le ministre des Transports ne devrait pas plutôt consacrer son énergie à la réforme tarifaire des billets de train.


Augmenter le trafic routier avec des centaines d’autocars supplémentaires revient à organiser un nouveau dépouillement de la fonction de service public de la SNCF, notamment au niveau des Régions. D’ailleurs, la moitié de celles qui sont concernées ont transmis un avis négatif au ministre. Lequel a bien précisé : « Ce ne sont que des avis. »


Manifestement, il s’agissait de faire plaisir à Eurolines et d’ouvrir plusieurs centaines de lignes d’autocars à travers le pays sur le modèle américain, et en donnant une longueur d’avance à l’entreprise française face aux sociétés espagnoles, portugaises et allemandes qui veulent aussi installer des liaisons routières.


Si les élections prêtent vie à Mariani, la France sera ainsi parcourue par des milliers d’autocars à bas coût émettant largement plus de gaz à effet de serre que la circulation des trains. Comme les camions, dont la taxe les visant est toujours repoussée à une date ultérieure, les autocars vont contribuer à la détérioration du réseau routier, payé par l’État, les Régions, les départements, donc les passagers d’Eurolines…

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