« Crazy Horse » : bon chic mauvais genre

Crazy Horse,
de Frederick Wiseman : juste un spectacle de mecs ?

Ingrid Merckx  • 6 octobre 2011 abonné·es

«Tout Paris is so crazy… » L’air reste en tête, claironné par des filles superbes qui ondulent entre les lettres géantes du mot ­D-É-S-I-R. C’est le clou du dernier show du Crazy Horse, dont le documentariste Frederick Wiseman a suivi la préparation en s’immergeant dans « le temple du cul chic » . Spectateur discret et privilégié, il colle à son sujet, ne rate pas un numéro, et ose caresser de sa caméra les courbes des danseuses. Parfaitement respectueux du show et de la maison…

C’est un peu le problème. Crazy Horse est comme le spectacle : fait par un mec pour des mecs. Wiseman se concentre sur les tenues, les corps et les cadres du Crazy. Mais quid des filles ? Qui sont-elles ? Qu’en pensent-elles ? Quels entraînement, régime, vie privée implique leur travail ? De numéro en numéro, une lassitude s’installe : les mouvements se ressemblent tous, conditionnés par les impératifs d’un fantasme masculin stéréotypé.
Et il y a plus de show que de coulisses. Sauf lors de cette scène de casting où les postulantes défilent en string pour être calibrées comme des juments : l’esprit du Crazy, c’est que les danseuses soient interchangeables. À peine apprend-on au détour d’une phrase qu’elles n’aiment pas les numéros où elles doivent « se toucher ».

Reste cette scène jubilatoire dans une loge où quelques-unes hurlent de rire devant un bêtisier de grands ballets, tutus par-­dessus tête… Choc des cultures ou regard expert ?

Cinéma
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