Le contre-budget d’Eva Joly

La candidate d’Europe Écologie-Les Verts affirme qu’il est possible de réduire les déficits publics sans sacrifier l’écologie et le social. Démonstration.

Thierry Brun  • 20 octobre 2011 abonné·es

L’initiative a séduit à gauche. Le contre-budget pour 2012 d’Eva Joly a été qualifié de « remarquable travail » par Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, qui a néanmoins relevé « des différences de conception » entre Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le Front de gauche.

La candidate écologiste oppose au plan d’austérité de la droite un « new deal écologique et social » qui n’a rien d’utopique. Les marges de manœuvre existent, même avec une « transformation écologique » qui ne repose pas sur le retour d’une hypothétique croissance : les économistes d’EELV ont tablé sur le chiffre de 0,8 % retenu par l’Observatoire français des conjonctures économiques, tandis que le gouvernement a construit son budget sur l’hypothèse contestée de 1,75 %. Au passage, les socialistes ne sont pas ménagés : « Ils ne peuvent rien faire sans un taux de 2,5 %. »

EELV affirme qu’ « une réduction des déficits à 3 % dès 2013 » n’est ni possible ni souhaitable, et met en cause la règle d’or libérale agitée par Nicolas Sarkozy. Les propositions d’EELV inversent aussi « la logique fiscale de la droite, qui privilégie les classes les plus riches à travers des cadeaux fiscaux » .
Mieux, la réduction du déficit peut se faire progressivement « sans impact sur notre modèle social et nos services publics, et même au bénéfice des classes populaires et moyennes » .

Les 48 milliards de recettes nouvelles proviendront d’une révision des exonérations de charges et des impôts, notamment sur le patrimoine et les entreprises. Les niches fiscales seraient plafonnées, et la lutte contre la fraude dans les paradis fiscaux rapporterait quelque 8 milliards à l’État. EELV annonce aussi plus de 14 milliards de recettes liées à de nouveaux impôts sur les énergies non renouvelables, qui risquent toutefois de peser sur les classes populaires.

Environ 18 milliards des nouvelles recettes seront consacrés aux investissements verts, à la solidarité, à l’éducation, à la santé, et pour supprimer la règle « absurde » du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Le reste, soit 30 milliards, doit réduire le déficit. Comme quoi tout est possible…

Économie
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