À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 10 novembre 2011
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Quel genre de journalisme est-il le plus nécessaire à une démocratie ? La question, jamais inutile, s’impose encore davantage dans une période comme la nôtre, où les politiques semblent de plus en plus dépossédés de leur pouvoir au profit d’instances dont le peuple est exclu, et où la presse est en proie à de graves interrogations sur son avenir.

Pas facile, la question. On imagine qu’une bonne partie de la réponse tient dans cette affirmation : la démocratie a besoin d’une presse libre. Mais est-on plus avancé pour autant ? Grâce aux grands de ce monde qui nous gouvernent, oui. Démonstration.

Le local d’un hebdomadaire satirique est détruit par un incendie criminel. Sur la une de Charlie Hebdo , rebaptisé Charia Hebdo , à paraître ce mercredi-là : la caricature du prophète Mahomet hilare. Réaction de François Fillon, Premier ministre : « J’appelle tous les Français à se sentir solidaires » de ce journal qui « exprime par son existence et par sa façon d’être la liberté de la presse » .

Quelques mois plus tôt, le site Mediapart publie des informations exclusives sur l’affaire Bettencourt, qui impliquent un ministre et le président de la République. Réaction d’Éric Besson, ministre : cela rappelle « les procès de Moscou »  ; celle de Xavier Bertrand, alors secrétaire national de l’UMP : ce sont des « méthodes fascistes » .

Limpide. J’applique illico la leçon avec un exemple bien choisi. Si je dis : « Sarkozy est impliqué dans l’affaire Karachi » , c’est abject, je fais du journalisme qui dégrade la démocratie. Mais si je dis : « Sarkozy a un petit kiki » , c’est très libre, la caricature est bien sentie, et la démocratie en est toute grandie, elle.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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