Objectif zéro rival

L’UMP ne recule devant rien pour empêcher toute candidature dissidente. Borloo et Villepin ont reculé. Reste Hervé Morin.

Michel Soudais  • 1 décembre 2011 abonné·es

Sera-t-il le dernier survivant ? De tous les candidats putatifs que la droite ­comptait dans ses rangs, il y a pas même un an, Hervé Morin est l’un des rares à avoir eu l’audace de déclarer sa candidature à l’Élysée.

Le président du Nouveau Centre, parti de la majorité présidentielle constitué en 2007 par des parlementaires et élus de l’UDF hostiles à la position neutraliste de François Bayrou dans l’entre-deux tours, est toutefois un candidat en sursis.

Dimanche matin, au moment de se jeter à l’eau, sous le pont de Normandie, il n’était entouré que de 9 des 22 députés de sa formation, 6 de ses 12 sénateurs et 2 de ses 3 parlementaires européens. Les absents, soucieux de ne pas s’aliéner les ­suffrages de l’UMP indispensables à leur réélection, refusent de tenter l’aventure présidentielle derrière un leader scotché sur le plancher des vaches des instituts de sondage.

Une défection collective soulignée avec gourmandise à l’UMP. Hervé Morin n’a « pas rassemblé toute sa famille politique »   ; dans ces conditions, « c’est quand même compliqué de convaincre » , a ironisé le ministre du Travail, Xavier Bertrand, pour se rassurer : « Déclarer sa candidature est une chose, aller jusqu’au bout en est une autre. » Auparavant, Jean-François Copé avait lancé une mise en garde au nouveau candidat, un « ami » : « Attention à ce qu’on ne disperse pas trop nos voix car les 21 avril […], ça n’est pas la propriété exclusive du PS. » Comme il le fait depuis maintenant plusieurs mois, le secrétaire général de l’UMP a rappelé son souhait « que le centre soit pleinement rassemblé avec l’UMP » parce que l’élection de 2012 « sera très difficile » .

Et l’UMP a bien des arguments pour dissuader les impétrants. Quand Jean-Louis Borloo l’a quittée avec sa formation, l’UMP a privé le Parti radical du million d’euros de subvention publique qu’elle devait lui rétro­céder. Pour amadouer un opposant plus ancien, ­l’Élysée a offert la 1re circonscription des Français de l’étranger à Dominique de Villepin, qui l’a refusée.

L’ancien Premier ministre, qui explique avoir jeté la rancune Clearstream « à la rivière » , avoue néanmoins avoir désormais des relations « républicaines » avec le Président, dont il dit qu’il s’est « apaisé » . S’il se défend de s’être rallié, il soutient « un principe, l’union nationale » . Restent Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan, deux ex-UMP, qui rament à la recherche des promesses de parrainages qui feraient passer leur rêve de candidature à la réalité.

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Sarkozy le boulet de l'UMP
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