L’évasion fiscale sous Sarkozy

Pour le Président, le taux d’imposition à 75 % défendu par François Hollande ferait fuir les plus riches. Seul hic : ils le font déjà.

Thierry Brun  • 15 mars 2012 abonné·es

C’était il y a deux semaines. La proposition de François Hollande de créer une nouvelle tranche d’imposition à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros suscitait le tollé du Président et des ténors de la droite. Mais après avoir brocardé la taxation des riches, la com’ du ­président-candidat s’est emballée… pour s’attaquer à l’exil fiscal des Français, en liant nationalité et fiscalité.

Finie donc l’invocation de la menace d’une évasion fiscale massive brandie par la droite. Les Français qui quittent l’Hexagone pour payer moins d’impôt sont désormais la cible du candidat UMP. La volte face de Nicolas Sarkozy masque le fait que les très riches et les grandes entreprises s’adonnent à l’exil fiscal depuis de nombreuses années sans se faire taper sur les doigts.

Le sénateur UMP Philippe Marini indiquait en 2008 que 843 redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) avaient changé de résidence fiscale en 2006 et que le cap des deux délocalisations par jour avait été franchi. L’expatriation fiscale aurait connu une accélération l’année dernière, et 2012 s’annonce un bon cru au motif que les budgets 2011 et 2012 ont programmé une rafale de hausses d’impôts.

Quelque 2 000 Français ont bénéficié du paradis suisse en 2010, et dans sa liste des « 300 plus riches » pour 2011, le magazine économique suisse Bilan a recensé 44 exilés français, qui cumulent environ 30 milliards d’euros de patrimoine. Récemment, GDF Suez (dont l’État est actionnaire à 36 %) a ouvert une filiale dans le paradis fiscal luxembourgeois avec l’objectif revendiqué de pratiquer l’optimisation fiscale. Le parti de Nicolas Sarkozy n’a pas réagi, et met surtout l’accent sur la fraude sociale.

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