Europe : haro sur le Smic

Après le droit de grève, la Commission européenne s’attaque aux salaires minimums dans l’Union. Une adresse particulière à la gauche.

Thierry Brun  • 26 avril 2012 abonné·es

La Commission européenne a agité de nouveaux chiffons rouges en direction de la gauche dans une communication intitulée « Vers une relance riche en emplois », rendue publique le 18 avril. Les dirigeants européens ont en effet demandé à la Commission de plancher sur la lutte contre le chômage, et celle-ci a livré un arsenal de mesures libérales pour réformer les marchés du travail dans l’UE et les rendre plus « dynamiques ».

Le document présenté par le commissaire européen à l’Emploi, le Hongrois László Andor, contient, entre autres propositions, « des salaires minimums différenciés » par branches, à la place d’un salaire minimum unifié existant dans certains États membres. En France, le Front de gauche craint la disparition du Smic et l’éclatement de la législation sociale, qui mettrait en concurrence les salariés européens.

D’autres réformes sont proposées, telles la baisse des charges salariales, la libre circulation de la main-d’œuvre dans l’Union et la transformation d’une partie des allocations chômage en aides à la création d’emploi. « La Commission continue à se concentrer sur des réformes du marché du travail et à recycler des recettes dépassées, comme la flexicurité », a estimé la Confédération européenne des syndicats, ajoutant que « promouvoir le concept [de flexicurité] tout en recommandant l’austérité est hypocrite : il ne produira pas d’emplois durables [mais] entraînera encore davantage de travail précaire et d’inégalités ».

La Commission de Bruxelles a déjà adopté, en mars, une proposition de règlement dite « Monti II », qui ouvre la porte à des recours d’employeurs européens contre le droit de grève au nom des libertés économiques. Toujours en mars, Bruxelles a préconisé une refonte de la directive sur le détachement de travailleurs, favorisant le dumping entre salariés européens.
La Commission a aussi l’intention d’aller plus loin dans la maîtrise du marché européen de l’emploi : elle a prévu d’introduire en 2013 un tableau de bord pour suivre l’avancement des plans nationaux pour l’emploi des États membres.

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