Rhum et rastafarisme

Deux rééditions célèbrent les musiques caribéennes des années 1940 à 1960.

Denis Constant-Martin  • 5 avril 2012 abonné·es

Les disques Frémeaux poursuivent leurs rééditions d’enregistrements de musiques des Caraïbes avec deux remarquables coffrets consacrés au calypso trinidadien et au rhythm and blues jamaïcain.

Les années 1940-1950 représentent un âge d’or pour le calypso. C’est d’abord une chanson à écouter, qui doit combiner des mélodies séduisantes, des rythmes enlevés et des paroles captivantes. Sur des trames musicales assez semblables, les calypsoniens visent souvent à faire rire de petits événements de la vie quotidienne, des réalités sociales (et notamment de la présence américaine, qu’évoque le fameux « Rum and Coca-Cola » de Lord Invader) sans négliger le « piquant » des métaphores sexuelles.

À la même époque, la Jamaïque rurale danse au son du mento, des Églises diverses expérimentent de nouvelles formules rythmiques, que travaillent aussi des tambourinaires puisant aux pratiques des marrons (descendants d’esclaves fugitifs installés dans les hauteurs de l’île). Mais les musiques de danses urbaines sont encore copiées sur celles des États-Unis.

Dans ce Rhythm & Blues jamaïcain, l’hypertrophie du contretemps est alanguie, et la vocalité est teintée de calypso ; des solistes, comme le guitariste Ernest Ranglin, y apportent des effluves de jazz moderne, et les percussionnistes de Count Ossie font le lien entre musique et ­rastafarisme. Le ska se profile dans les enregistrements du début des années 1960, et le reggae, portant la marque de l’originalité jamaïcaine, en sortira.

Musique
Temps de lecture : 1 minute