À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 25 mai 2012
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Pendant une douzaine de jours, au cours du mois de mai, ce n’est pas dans l’Education nationale qu’on attribue le plus de notes, mais à Cannes. Le festival, qui lui-même établit un palmarès et décerne une palme, excite la fibre « petits profs » qui habite une quantité de journalistes.

Les critiques français s’adonnent à cette passion évaluatrice – qui de surcroît valorise ceux qui « en sont » – dans le Film français notamment, où l’on décerne étoiles et palmes d’or. Mais ils sont loin d’être les seuls. Screen , dont les bureaux sont établis à Londres et à Los Angeles, et qui publie comme son confrère Variety une édition quotidienne à Cannes, livre les notes de 10 critiques du monde entier, et calcule même la moyenne obtenue par chaque film en compétition.

Ces relevés de notes et ces pseudo-palmarès ont une odeur de PMU. Ils opèrent comme des sondages, qui ont eux-mêmes pour fonction d’entretenir la bourse des valeurs où se déterminent les cotes et les tendances.

Qu’est-ce que mes confrères évaluent vraiment ? Procèdent-ils comme des examinateurs, qui jugeraient des qualités et des défauts du scénario, de la mise en scène, de la photographie, des comédiens, etc., et fixeraient ainsi une note en fonction de critères aussi académiques qu’introuvables ? Ou, pire encore, est-ce la teneur de l’expérience qu’ils ont vécue face à tel ou tel film qu’ils chiffrent, qu’ils quantifient ? Décidément, je ne me ferai jamais à cet exercice, qui abonde dans le sens de la validation des œuvres comme des produits, réduit le langage à un mode binaire : achetable/pas achetable.

Ou alors… Il faudrait que des lecteurs fassent la même chose avec les journalistes ! Et j’imagine la réaction de ceux qui obtiendraient de mauvais résultats, seraient jugés mauvais élèves : « Non, ces tableaux de notes, vraiment, aucun intérêt ! »

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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