Immigration : loin des idées reçues

L’immigration fut le thème presque obsédant de la campagne présidentielle. Vu la teneur des propos du candidat Sarkozy, sans parler de ceux de Marine Le Pen, on peut même dire que le sujet a empoisonné cette campagne, en jouant sur la peur d’une hypothétique invasion – supposée advenue ou à venir.

Rappelons que la population immigrée est constituée des personnes nées étrangères à l’étranger et résidant en France, comprenant donc en partie des personnes qui, depuis leur arrivée, ont acquis la nationalité française. Au nombre de 5,3 millions en 2008, les immigrés représentent 8,4 % de la population du pays (dans les années 1980, ils étaient 4 millions, soit 7,4 %). Point d’invasion, donc.

Il reste que, complexe, la question migratoire est une donnée essentielle du monde globalisé dans lequel nous vivons. Patrick Weil, l’un des meilleurs spécialistes du sujet, à qui nous avons demandé quelle pourrait être la politique d’immigration menée par l’équipe gouvernementale de François Hollande, souligne ici que l’immigration est d’abord la « conséquence » des déséquilibres Nord/Sud, que les pays riches ne cessent d’entretenir, voire d’aggraver, à coups de dérégulation de l’économie et de démantèlement des États-nations.

Les politiques d’immigration des pays du Nord, qui ne traitent pas des causes induisant ces flux migratoires et ne sont donc pas suffisantes, sont néanmoins nécessaires en tant que politiques de régulation. Il s’agit d’en être conscient et de penser les grands principes qui doivent guider leur mise en œuvre. Nous avons donc souhaité faire le point sur la réalité de l’immigration en France. Loin des idéologies et des préjugés, en regardant de près les faits.