La complicité des ONG

Quoi de plus efficace qu’un blanc-seing des écolos pour valider l’économie verte ?

Patrick Piro  • 31 mai 2012 abonné·es

Dow, géant mondial de la chimie, l’a bien compris en faisant accepter sa stratégie par The Nature Conservancy (TNC), grande association environnementale étasunienne. En 2008, Dow lui attribue 1,5 million d’euros pour restaurer une forêt dominant la ville brésilienne de São Paulo : bien moins onéreux que de renforcer la station de traitement des eaux en aval (une des activités de Dow), confrontée à la turbidité des écoulements suite à l’érosion des sols, faute d’arbres.

En 2011, Dow lance une collaboration à 10 millions de dollars sur cinq ans avec TNC, qui passera au crible les coûts et bénéfices pour les écosystèmes des choix opérés par le chimiste. Analyse de Dow : la nature est si dégradée que la protéger devient une priorité lucrative et une stratégie d’avenir pour les affaires. Et un moyen de définir ses propres normes, avec les tentatives les plus spécieuses.

Coca-Cola a investi, avec l’aide du WWF, 30 millions de dollars pour l’entretien de bassins hydrographiques. La multinationale, qui se targue aussi de dépolluer des rivières, prétend devenir ainsi « globalement neutre » en eau. Et peu importe qu’elle vide à tout-va des nappes phréatiques en Inde ! Rio Tinto, géant minier, promeut, avec la bénédiction d’environnementalistes, le concept d’ « impact positif net » sur la biodiversité : une fois une mine exploitée, Rio Tinto restaure l’écosystème avec des initiatives « bonus » additionnelles. Histoire d’affirmer que la nature se porte mieux qu’avant…

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La nature en Bourse
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