Les perversions de l’économie verte

Patrick Piro  • 31 mai 2012 abonné·es

En 1992, Rio avait accueilli le Sommet de la Terre, plus importante réunion de chefs d’État à se pencher sur l’état de la planète. On y avait adoubé, plein d’espoir, le « développement durable », sorte de compromis entre la préservation de l’environnement, l’accroissement du bien-être social et la prospérité économique. Trois grandes conventions de protection avaient été lancées, pour le climat, la biodiversité et les forêts. Seule la première a connu une concrétisation, fort modeste, avec le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Vingt ans plus tard, nouvelle conférence onusienne dans la ville brésilienne : le constat d’échec est sidérant. La dégradation de la planète s’est accélérée, la faim et la pauvreté affectent toujours des milliards d’humains, les inégalités s’accentuent. Le système économique mondial, brutal et destructeur, est responsable de la crise aux multiples visages : économique, financière, sociale, écologique, alimentaire.

Pourtant, les élites planétaires ne comptent pas battre leur coulpe à Rio : elles disposent d’un nouveau concept miracle, qui cette fois-ci marchera forcément, car il n’y aurait aucune autre voie possible. C’est l’économie « verte », mutation du modèle actuel transformant la nature en objet économique, pour créer de nouvelles sources de profit en prétendant protéger les écosystèmes. Le mémorandum final en préparation s’appelle « Le futur que nous voulons ». En 1992, c’est à « notre avenir commun » qu’avait voulu œuvrer la conférence. Vingt ans plus tard, Rio mesurera aussi, à travers les slogans, l’arrogance de l’économie face à la démocratie.

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La nature en Bourse
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