Nicole Bricq victime de Shell

L’éviction de la ministre de l’Écologie inquiète EELV, pas Duflot.

Michel Soudais  • 28 juin 2012 abonné·es

La ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Nicole Bricq, avait annoncé, de concert avec Arnaud Montebourg, la « remise à plat » des permis d’exploration pétrolière accordés par le gouvernement Jospin au large de la Guyane, en attendant une refonte du code minier accusé de sacrifier l’environnement sur l’autel du libéralisme. Huit jours plus tard, elle est débarquée au profit de Delphine Batho et nommée ministre en charge du Commerce extérieur. Le ministre du Redressement productif, qui pèse d’un poids politique autrement important, est épargné. Au lendemain de ce remaniement, la compagnie pétrolière Shell recevait les autorisations qu’elle attendait pour démarrer sa campagne de forages exploratoires au large de la Guyane, et mener d’ici à la fin de l’année des études sismiques qui permettront d’évaluer le potentiel guyanais en hydrocarbures, après la découverte l’an dernier d’or noir par 6 000 mètres de profondeur.

Pour la presse, il apparaît clairement que le lobby pétrolier, avec l’appui d’élus guyanais, a sabordé la transition énergétique. Que pèsent les risques d’une exploitation pétrolière dans une zone d’une biodiversité exceptionnelle face à la perspective d’extraire 8 % à 9 % de la consommation annuelle de pétrole en France, et à la promesse de 600 emplois dans un département d’outremer frappé par un chômage important (27 %) ? Si quelques parlementaires Verts ont fait part de leur « surprise » en apprenant le changement d’affectation de Mme Bricq, si Jean-Vincent Placé a estimé que c’était « une éviction » et « un drôle de message » envoyé aux écologistes, ce premier couac écologique du gouvernement n’a pas troublé outre mesure la direction d’EELV.

Cécile Duflot, qui prononçait samedi devant les cadres du mouvement son dernier discours de secrétaire nationale, s’est chargée de tordre le cou à ce qu’elle a appelé « la rumeur publique sur les permis de forer en Guyane ». Delphine Batho, « la nouvelle ministre de l’Écologie, m’a assuré […] que tous les enjeux environnementaux en Guyane seront amenés à être réexaminés », a-t-elle indiqué. Cette dernière et le Premier ministre, à qui elle a « fait part des préoccupations des écologistes », l’ont en outre « assuré que la réforme du code minier mettrait un terme définitif au recours à la fracturation hydraulique et tournerait la page de l’histoire sur les gaz de schiste ». Conclusion de Cécile Duflot : le gouvernement « écoute la voix des écologistes ».

Écologie
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