Gaspillage alimentaire, l’ampleur du scandale

Patrick Piro  • 12 juillet 2012
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Enfin, on parle plus ouvertement du gaspillage alimentaire. Les rapports officiels se multiplient, les campagnes de sensibilisation se développent. Ce n’est pas le moindre scandale qu’une telle verrue soit restée si longtemps occultée par les pouvoirs publics : alors que les prospectives se préoccupent de savoir si la Terre pourra nourrir neuf milliards d’humains en 2050, que les firmes biotechnologiques poussent les gouvernements à autoriser les OGM pour prétendument accroître les rendements, nos sociétés tolèrent tranquillement la lamentable performance des circuits de l’agroalimentaire : 30 à 50 % de pertes et de gaspillage, du champ à l’assiette ! C’est le consommateur qui paye, à son insu. Le manque à gagner induit par la mise au rebut d’aliments chez les producteurs, les transformateurs et les distributeurs est intégré dans le prix de vente final des produits en magasin. Incité en permanence à la surconsommation par le marketing de la grande distribution, le particulier gaspille lui-même beaucoup à domicile – une charge de plusieurs centaines d’euros par an sur son budget.

Illustration - Gaspillage alimentaire, l’ampleur du scandale

Les pays riches, pour garantir leur autonomie alimentaire, ont bâti des agro-industries prospérant sur une injonction : produire, produire, produire. Si une date limite de consommation chasse l’autre, c’est parfois moins par précaution sanitaire que pour entretenir le rythme d’obsolescence souhaité par le commerce. Logique qui pousse le gâchis à proliférer jusqu’à l’obscène. Dans le même temps, piocheurs de poubelles et autres glaneurs de rue se voient parfois interdire la récupération de produits consommables décrétés « déchets », par crainte des ventes qui se perdent.

Illustration - Gaspillage alimentaire, l’ampleur du scandale

Photo : EMMANUEL DUNAND / AFP
Publié dans le dossier
Gaspillage alimentaire : Stop !
Temps de lecture : 2 minutes
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