Les Espagnols, pris dans l’escalade de la rigueur

Hausse de la TVA, recul de l’âge légal de départ à la retraite, baisse des salaires… Le peuple espagnol manifeste contre un plan de rigueur sans précédent, imposé par Bruxelles.

Erwan Manac'h  • 20 juillet 2012
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Les Espagnols, pris dans l’escalade de la rigueur

Les Espagnols ont réinvesti massivement les rues. Jeudi 19 juillet, ils manifestaient dans une centaine de villes derrière les pompiers, policiers et fonctionnaires de toutes professions, à l’appel de deux syndicats. 6 personnes ont été blessées en fin de journée, dans des affrontements avec les forces de l’ordre qui tiraient sur la foule avec des balles en caoutchouc.

Les Espagnols manifestent contre une nouvelle cure d’austérité annoncée par Mariano Rajoy le 11 juillet, alors même que les mineurs marchaient à travers le pays pour dénoncer l’arrêt des aides public à leur secteur. Un plan de rigueur de 65 milliards d’économies d’ici à 2015 a été décrété sous la pression des ministres de la zone euro. Un montant historique, correspondant à plus de 4 % du PIB espagnol.

Le budget espagnol en 2012 prévoyait pourtant une restriction déjà historique de 27,3 milliards d’euros des dépenses publiques. Mais cette saignée n’a pas permis de faire baisser les taux d’intérêt de la dette publique, qui grimpent encore épisodiquement au-dessus des 7 % et, mi-juin, Mariano Rajoy s’est vu dans l’obligation d’appeler Bruxelles à l’aide pour renflouer les banques espagnoles à cours de capitaux.

L’Eurogroupe a donc ficelé un plan d’aide allant jusqu’à 100 milliards d’euros selon les besoins, associé à un mémorandum en 32 points imposé à Madrid. Le gouvernement espagnol avait jusqu’à la fin du mois de juillet pour élaborer un plan sans précédent, destiné à ramener le déficit public de 8,9% actuellement à 6,3 % fin 2012 (4,5 % en 2013 et 2,8 en 2014). Même s’il le nie farouchement, le gouvernement espagnol agit sous la tutelle de Bruxelles.

**Les principales mesures du plan d’austérité :
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  • Hausse de la TVA de 18 à 21 % (8 à 10 % pour le tourisme) dès le 1er septembre (22 milliards d’euros). La TVA de 4 % sur les produits de première nécessité est maintenue.

  • Suppression, pour les fonctionnaires, de la prime de Noël équivalente à un 13e mois. Leur salaire a déjà été gelé, après une diminution de 5% en 2010.

  • Réduction des allocations chômage pour les nouveaux chômeurs après 6 mois à taux plein. Le taux de chômage est de 24,6 % en Espagne, où il n’existe pas d’allocation équivalente au RSA français.

  • Recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans.

  • Augmentation du temps de travail des fonctionnaires sans hausse de salaire, par une réduction du nombre de jours non travaillés (hors jours fériés).

  • Réduction de 30 % du nombre de conseillers locaux (3,5 milliards d’économies).

  • Suppression des déductions fiscales pour l’acquisition d’un logement.

Les ministres des Finances de l’Europgroupe se sont entretenus vendredi 20 juillet par téléphone pour donner officiellement leur feu vert au plan d’aide aux banques espagnoles.

Monde Économie
Temps de lecture : 2 minutes
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