Se raser écolo

Patrick Piro  • 12 juillet 2012 abonné·es

Que faire ?

« Ferme la porte, Kevin, qu’elles n’entendent pas… Alors, ce rasoir électrique ? » Soupir. Ça arrache les poils. Avec le « manuel » à trois lames, testé la semaine passée, sa tendre peau d’ado était en feu. Serge propose alors sa tondeuse « barbe de trois jours », mais le look faux baroudeur, Kevin ne le sent pas trop. « Pourtant, y’a pas plus écolo… » L’ado dresse l’oreille. La barbe des mecs, c’est une affaire intime. Question d’épiderme, d’accointance, de chapelle : chacun organise à tâtons sa petite stratégie dans l’assaut contre la pilosité faciale. Aussi, les résultats du match « électrique contre manuel, quel est le plus écolo ? », qui varient d’une « étude » à l’autre, ne convaincront guère un mâle de changer de camp. En revanche, au sein de chaque famille, on peut discuter. L’impact du rasoir électrique, c’est la consommation d’énergie, le changement des têtes tous les deux ans environ et sa transformation en déchet électronique en fin de vie. Pour améliorer le bilan, il existe des modèles à dynamo, avec batterie se rechargeant à la manivelle. Le rasoir manuel jetable est un grand producteur de déchets. Les modèles en plastiques moulés sont les moins recommandables (ils sont d’ailleurs les moins performants). Ceux dont la tête seulement est jetable sont meilleurs. D’autant qu’il existe un truc pour en prolonger la durée de vie : faire glisser une dizaine de fois la paume de la main dans le sens de la lame, en appuyant dessus, ce qui atténuerait les microdéformations responsables de la dégradation du tranchant. Il existe même de petits outils optimisant cette opération. Mieux : le rasoir de sécurité, à lame interchangeable à double tranchant (en acier recyclable), vissée sur une calotte. Enfin, pour les esthètes du manuel, le nec plus ultra s’appelle coupe-chou, ce rasoir à lame repliable des barbiers. Il faut un peu d’apprentissage et de dextérité, mais fini les déchets. Autre front : la consommation de mousse et de gel à raser. Le gaz propulseur peut aggraver l’effet de serre, et la bombe grossira la montagne de déchets. Les alternatives écolos : des flacons asperseurs d’émulsion d’huile, sans pression, rechargeables et recyclables, ou encore des crèmes en tube. Plus chic et moins de déchets : le savon à raser passé au blaireau. L’eau enfin : un demi-litre peut suffire pour un rasage manuel.

Pourquoi ?

Plus de 60 % des Français préfèrent le rasoir manuel. Nous jetons, dans le monde, plusieurs milliards de lames (et leurs emballages) chaque année, peu ou pas recyclables : plastique et métal sont mélangés. Les mousses et gels contiennent parfois des substances nocives pour la santé. Et nous utiliserions en moyenne deux litres d’eau par rasage.

Comment ?

  • Compter environ 20 euros pour un rasoir de sécurité avec 10 lames, 150 euros pour un coupe-chou et son aiguiseur en cuir.
  • Préférer des cosmétiques bios (gels, mousses, après-rasage…)
  • Sur le site forum.hardware.fr (rechercher « rasage manuel ou électrique »), entre autres, de nombreux conseils.

Le geste utile
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