« Je suis plutôt pour un vote négatif »

Selon Noël Mamère, les élus d’EELV doivent tenir compte dans leur vote de l’insuffisance des modifications du traité concédées par Angela Merkel.

Claude-Marie Vadrot  • 30 août 2012 abonné·es

Pour Noël Mamère, qui a
passé deux jours à l’université
d’été d’Europe
Écologie-Les Verts à
Poitiers, les débats sur l’Europe
qui s’y sont déroulés ont été de
bon niveau, avec des arguments
clairs et posés sur la question de la
prochaine adoption du traité budgétaire
européen par le Parlement
français.

Mais le député-maire de Bègles a
décelé chez les militants une « certaine
impatience », et pas seulement
sur la question européenne,
qui les préoccupe largement moins
que les hésitations du gouvernement
sur les gaz de schiste, sur le
projet d’aéroport de Notre-Damedes-
Landes ou sur les choix énergétiques
à venir, notamment l’avenir
des centrales nucléaires.

Les parlementaires verts vont-ils voter
la ratification du traité budgétaire
européen instaurant la « règle d’or » ?

Noël Mamère : Les sénateurs
et les députés vont se réunir et
prendre leur décision
dans quelques
jours. Pour l’instant,
la majorité d’entre eux
penche vers le non, tout comme
au sein du parti.

Que ferez-vous à titre personnel ?

Comme je tiens à rester cohérent
avec ce que j’ai défendu par le
passé, je suis plutôt pour un vote
négatif. Car si François Hollande
a réussi à imposer certaines choses
à Angela Merckel, on ne peut pas
dire qu’il ait réussi à renégocier
le traité comme il l’avait promis.
Donc, nous devons en tirer les
conséquences.

Mais vos militants regrettent aussi les
oublis écologiques du gouvernement…

C’est vrai, notre base voudrait
que les choses changent plus vite
alors que les questions environnementales
ne se résolvent
pas sur le court
terme. Mais n’oublions
pas que le gouvernement
a fait lancer ses premières grenades
lacrymogènes sur ceux qui
militent contre le projet d’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes. C’est
difficile à oublier…

Selon vous, ce projet aboutira-t-il ?

La crise aidera à rendre ce projet
coûteux inutile. Comme pour l’exploitation
des gaz de schiste, nous
ne nous laisserons pas embarquer
dans une discussion technique : il
s’agit d’un choix social et écologique.
Tout comme pour la
entretien
poursuite
du « tout-voiture » : le
gouvernement n’a que des solutions
de rafistolage, il ne remet pas
en cause l’utilisation du diesel et ne
résout pas la situation des citoyens
« prisonniers de la voiture » faute
de transports collectifs.

La question de la présence des
écologistes au gouvernement se poset-
elle ?

Non, pas encore. On ne juge pas
un gouvernement au bout d’une
centaine de jours. Tout ce qui a été
décidé ou voté est conforme aux
engagements, qu’il s’agisse du blocage
des loyers, des retraites, de
la taxation des transactions financières,
de l’impôt sur la fortune
ou de la transmission du patrimoine.
Il ne faut jamais oublier
que les socialistes ne sont pas des
écologistes. La question est donc
prématurée, mais si l’écologie
est sacrifiée à l’économie et à la
rigueur,
oui, nous partirons.

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