La morale en question

Pauline Graulle  • 6 septembre 2012 abonné·es

Vincent Peillon voulait faire de cette rentrée scolaire la « première rentrée du changement ». Las !, sa première annonce de rentrée sur le retour de la morale à l’école a, après cinq années de sarkozysme, une odeur un peu rance… Réitérant son souhait d’instituer un enseignement de « morale laïque » « du plus jeune âge au lycée », le ministre de l’Éducation nationale a tenté, dimanche dernier, dans le JDD, de préciser sa pensée. « La morale laïque, c’est comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, c’est aussi des devoirs autant que des droits, des vertus et surtout des valeurs », a expliqué celui qui va nommer une mission de réflexion chargée de définir la « nature de cet enseignement ». « Le redressement de la France doit être un redressement matériel mais aussi intellectuel et moral », a-t-il ajouté, s’attirant l’ironie mal placée de son prédécessseur rue de Grenelle, Luc Chatel, qui l’a illico accusé d’utiliser les mêmes mots que Pétain.

Certes, la morale selon Peillon – qui se revendique de Jules Ferry et du Conseil national de la résistance – est loin de la tartufferie de la « laïcité positive » d’un Sarkozy qui estimait que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Mais, précisément, le mot « morale » suscite de nos jours quelques craintes. L’initiative ne risque-t-elle pas d’être récupérée par les islamophobes ? Ne va-t-elle pas instituer un nouveau conformisme ? Le droit à la révolte et à l’insoumission font-ils partie de la morale de M. Peillon ?

Société
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