À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 25 octobre 2012
Partager :

La critique de cinéma a de l’avenir. C’est ce qu’ont pu se dire les spectateurs d’une table ronde consacrée à la critique sur Internet que le Festival du film de La Roche-sur-Yon (Vendée) a proposée dimanche dernier. Les intervenants, tous créateurs de sites ou de blogs, représentaient une nouvelle génération de critiques ayant moins de 30 ans ou à peine plus. Ils ont investi Internet comme autrefois on lançait une revue ou un fanzine, avec pour moteur la cinéphilie et la volonté de prolonger les films par des mots. Et cela sans un sou en poche, en y consacrant beaucoup de temps bénévolement, des boulots alimentaires ou le statut de thésard permettant de voir venir.

Étaient présents Christophe Beney d’ Accreds (www.accreds.fr), Simon Lefebvre de Zinzolin (www.revuezonzolin.com), Raphaël Nieuwjaer de Débordements (www.debordements.fr) et Sidy Sakho, qui anime le blog Ceciditaubasmot (www.ceciditaubasmot.blogspot.com). Ce qui est d’abord ressorti de leurs propos, c’est la nécessité de créer leur propre territoire. Un espace qui ait une cohérence et une identité, sans pour autant se chauffer les esprits au manifeste esthétique, à l’éditorial énervé. Pas de « certaine tendance du cinéma » à dézinguer chez eux (du nom du fameux article de Truffaut contre la « Qualité française »), mais une volonté de se démarquer de l’actualité pour inscrire la réflexion sur le cinéma réellement dans la durée. Le site Accreds, consacré à l’activité des festivals, se distinguait sur ce point, alliant réactivité des informations et critiques sur le long terme. Gymnastique difficile mais excitante.

Le narcissisme n’était pas au rendez-vous mais le désir de penser sa propre pratique, de l’interroger, éventuellement de la remettre en question. Oui, il y avait de quoi se réjouir, au Festival de La Roche-sur-Yon, de constater que le cinéma était chez ces jeunes critiques un exercice profitable pour la pensée.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don