Le meilleur des mondes

Sébastien Fontenelle  • 4 octobre 2012 abonné·es

Au tout début de juillet dernier, rappelons-nous : la Cour des comptes a publié son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques (SLSELPDFP) d’une France où, déjà, les millions de nigaud(e)s qui avaient donné deux mois plus tôt leurs votes à des « socialistes » commençaient d’entrevoir qu’ils s’étaient, once again, fait salement avoir – encore raté, caramba, ces ignobles (CENSURÉ) de la rue de Solferino sont décidément dégoûtant(e)s. Ce document – nous parlons toujours du rapport SLSELPDFP – disait comme ça que Françoizollande allait devoir trouver d’ici la fin de l’année 30 milliards d’euros (ou sinon, il pourrait juste pas boucler son budget), en rognant considérablement –  considérablement, s’il vous plaît – la dépense publique. (Mais sans pousser non plus son zèle jusqu’à réduire l’émolument du « socialiste » Didier Migaud, président nommé sous Kozy de la Cour des comptes – car il est sain que les impôts de la plèbe financent aussi les imprécations ultralibérales des idéologues d’État qui s’appliquent à l’assommer de toujours plus de nouvelles « réformes ».)

Naturellement, la possédance et sa presse d’accompagnement ont salement biché en découvrant ces roides préconisations – les mêmes, exactement, qu’elles-mêmes vont psalmodiant depuis trois décennies. Les gens du Monde, pâmés, lui ont immédiatement consacré la une du quotidien vespéral des marchés, puis une double page narrant que Didier Migaud était beau (et sentait bon le sable chaud), puis une interminable série d’analyses (et autres commentaires) d’où ressortait qu’en effet il urgeait de couper dru dans la dépense publique (ça fait trois décennies qu’on vous le dit, bordel), ou sinon, on va se retrouver avec un gros découvert de 30 milliards d’euros, et là, tu feras moins le malin, Olivier Besancenot.

Trois semaines plus tard – à la fin du mois de juillet, donc (ça serait bien que tu suives un peu) – des sénateurs ont de leur côté publié, après avoir longuement enquêté sur le sujet, un autre rapport consacré, lui, à l’évasion fiscale, et d’où ressortait que cette digne pratique, où les riches et leurs boîtes excellent, coûte chaque an de 30 à 80 milliards d’euros – tout de même – à notre cher und vieux pays. Mais le Monde a fait le choix de reléguer cette stupéfiante révélation au fin fond de ses pages intérieures – là où personne ne va jamais, surtout à la fin du mois de juillet, merde alors, on va se gâcher le bronzing avec les vilenies des nanti(e)s.

Et cette semaine, bien sûr : les gens du Monde ont joui à longs traits quand le moment est arrivé d’annoncer que Françoizollande avait fait le choix, pour son « premier budget », plutôt que de réprimer – avec l’extrême sévérité qui siérait à leurs indélicatesses – les pansus fraudeurs fiscaux identifiés par le Sénat, de faire payer leurs fraudes par la collectivité, et de réduire la dépense publique. Cette insurrection, rappelle-moi : c’est quand, qu’elle devait venir ?

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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