Ah, non, tiens : là, non

Sébastien Fontenelle  • 29 novembre 2012 abonné·es

Il y a de ça quelques mois, je sais pas si tu te rappelles, Françoizollande s’est mis à briguer ton vote (qu’il a, du reste, si j’ai bien regardé, obtenu, parce que bien sûr, cabochard(e) comme t’es, t’as tenu zéro compte de mes mises en garde, quand je t’ai crié : attention, putain, ce mec-là est un « socialiste », tu devrais surtout pas voter pour lui, ou sinon, dans six mois, tu viendras me raconter que t’as mal au c… Tu viendras me faire part de tes regrets, tu blobloteras auuu seeecouuurs laaa droiiite reeevieeent, mais moi, je préfère te prévenir, faudra pas non plus que tu comptes sur moi pour te plaindre, hein, parce que bon, ça devient quand même limite chiant de te voir faire toujours le même cinéma, comme si tu ne savais pas exactement qui sont les socialistes depuis qu’en 1983 ces horribles félon(e)s t’ont pour la première fois possédé(e)).

Pour ce faire, remember : Françoizollande a notamment soutenu qu’avec lui, n’est-ce pas – et si du moins tu lui faisais la grâce de le mettre dans l’Élysée –, ça serait plus comme avec le brutal Sarkozy-des-riches et son total manque de souplesse, et qu’avec lui tout se réglerait par le « dialogue », comme dans une jolistoire du Père Castor. Et en effet (même moi qui n’ai, je le confesse, que très, très, très, très, très peu de sympathie pour ce pau… pour Françoizollande, et plus généralement pour ces tristes… pour les « socialistes », je me sens forcé de le reconnaître) : c’est ce qui s’est passé. Sur ce point au moins (et c’est à peu près le seul, si j’ai bien compté), Françoizollande a tenu parole.

Par exemple, quand les « grands » patrons français lui ont lancé il y a trois semaines un hallucinant ultimatum (perso, je m’en suis toujours pas remis) pour le sommer de leur alléger les charges, ou sinon faudrait pas qu’il s’étonne qu’ils réagissent très violemment, Françoizollande, plutôt que de les faire appréhender au saut du lit – attends, Buddy, tu menaces le président de la République, et tu pensais qu’on n’allait pas venir te chercher ? –, leur a très gentiment répondu qu’anéfé, il allait leur baisser les charges, tout de suite mooonseiiigneuuur, autre chose pour votre service, mooonseiiigneuuur ? (Vous plairait-il de toucher ma bosse ?)

Puis, de même, quand les opposant(e)s à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (N2DL) lui ont (patiemment) expliqué, avec des mots un peu simples (car ils avaient conscience qu’ils s’adressaient à un « socialiste »), qu’ils escomptaient qu’il renoncerait à ce grotesque projet, Françoizollande, toujours soucieux de rompre d’avec les hideuses brutalités où se complaisait son prédécesseur, a derechef maintenu le « dialogue » et… Ah, non, tiens : là, non.

Là, contre les militant(e)s de gauche de N2DL ? Françoizollande a soudain fait donner la troupe qu’il n’avait pas du tout lancée contre les militant(e)s – de droite – du patronat qui l’avaient, juste avant, très distinctement menacé. Bon : j’ai rien d’autre à dire.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes