Manuel Valls : Portrait d’une ambition

Michel Soudais  • 22 novembre 2012
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Manuel Valls est l’homme fort du gouvernement. À tout juste 50 ans, le bouillant député-maire d’Évry a hérité avec le ministère de l’Intérieur d’un poste qui le place constamment sous les feux de l’actualité. À deux enjambées de l’Élysée, la place Beauvau peut être un formidable marchepied vers le pouvoir suprême. Si tous les titulaires du poste n’ont pas connu cette fortune, elle a souri à François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. De quoi faire rêver l’ambitieux Manuel Valls, qui affiche dans les sondages une insolente popularité, quand le chef de l’État et son Premier ministre dégringolent. Singulier retournement de situation pour un homme qui pesait à peine plus de 5 % dans la primaire du PS.

Il serait tentant de voir dans cette ascension sociale la revanche du fils d’immigré catalan ayant gravi les échelons sans passer par les cases ENA ou grandes écoles. L’histoire serait alléchante si Manuel Valls n’avait construit sa notoriété en affichant sur de nombreux sujets (temps de travail, retraites, sécurité, dénonciation de l’assistanat, etc.) des positions systématiquement contraires à la pensée de gauche. Jusqu’à revendiquer l’héritage controversé du radical Georges Clemenceau, dont le passage musclé à l’Intérieur (1906-1909) est resté dans la mémoire de la gauche comme un contre-exemple. Ou affirmer que « le mot “socialiste” ne veut plus dire grand-chose ». Or, à son nouveau poste, Manuel Valls peut trancher des débats idéologiques du PS… en sa faveur. Il l’a fait sur la vidéosurveillance, dont les socialistes se méfiaient –  « une caméra n’est ni de droite ni de gauche »  –, comme sur les Roms, en procédant sans ménagement à des destructions de campements. Ses idées économiques, naguère décriées, parviennent à trouver preneur en haut lieu, signe d’une influence nouvelle. À laquelle il ne fixe aucune limite.

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